bords de
la riviere Chateauguay, que de Salaberry immortalisait, le vingt-six,
par une victoire a jamais memorable.
Inutile de donner des details de cette bataille si souvent racontee et
celebree par l'histoire, l'eloquence et la poesie. Qui n'a senti
battre son coeur au recit de cette lutte glorieuse ou trois cents
Canadiens-Francais defirent sept mille Americains? Qui ne sait que tout
l'honneur de cette victoire appartient au brave colonel de Salaberry,
que le succes de nos armes en ce jour celebre fut le resultat de
l'habilete avec laquelle il sut disposer ses forces et fortifier sa
position, et de la bravoure qu'il deploya pendant la bataille? Avec quel
enthousiasme les derniers survivants de la poignee de braves qui partage
avec lui l'honneur de ce triomphe, racontent les faits eclatants de leur
heroique colonel!
Ils le representent, avant la bataille, cherchant, exploitant toutes les
ressources que le terrain, la riviere et la foret pouvaient lui offrir,
faisant de chaque arbre, de chaque pierre un retranchement, un abri
pour ses troupes, frappant du pied la terre pour en faire jaillir des
elements de victoire. Et lorsque la bataille est commencee, ils le
montrent entrainant ses braves voltigeurs a sa suite; dominant le bruit
de la bataille des eclats de sa voix present sur tous les points a
la fois; multipliant le nombre de ses soldats par la rapidite et la
precision de ses mouvements; dispersant un instant ses forces et les
ralliant soudain pour tomber sur un point ou on ne l'attendait pas;
faisant, faire un bruit de trompettes et pousser des cris effrayants;
employant mille ruses pour etourdir, surprendre l'ennemi, et lui faire
croire qu'il avait a combattre des milliers d'hommes; donnant, enfin
l'exemple d'un courage, d'une bravoure que le danger semblait grandir,
bravant les balles avec cette heroique insouciance qui l'avait illustre
sur les champs de bataille de la Martinique, et de la Guadeloupe.
La bataille dura quatre heures, Hampton, croyant avoir affaire a une
armee de dix mille hommes, se retira apres avoir eu une centaine
d'hommes tues et blesses, et reprit a la hate le chemin des Etats-Unis;
et lorsque Wilkinson, qui attendait au pied du Long-Sault le resultat de
la bataille apprit la fatale nouvelle, il jugea a propos de se retirer.
Le Bas-Canada etait sauve. Les Americains, decourages, ne tenterent plus
serieusement de l'envahir pendant cette guerre, qui se termina l'annee
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