a plus que deux cents
hommes. Il apprenait cela a son pere dans une lettre ou parlant des
milliers d'hommes qu'il avait vus tomber autour de lui, il ajoutait: "Je
crois que je serai aussi heureux que mon grand-pere."
Lorsque le general Prescott se decida a abandonner la derniere place
forte de la Guadeloupe, le fort Mathilde, c'est a de Salaberry, alors
age de seize ou dix-sept ans, qu'il confia le soin de proteger la
retraite de l'annee. Le jeune lieutenant se montra digne de la confiance
de son chef. Il etait fait capitaine peu de temps apres.
En mil huit cent-huit, on le trouve en Irlande, major de brigade, et
faisant la cour a une blonde et belle jeune fille qui aurait enchaine le
jeune officier pour la vie sans l'intervention du duc de Kent. Celui-ci
ecrivit a son protege une longue lettre pour lui demontrer que chez les
militaires le coeur doit ceder a la raison, lorsqu'ils n'ont pas de
fortune.
En mil huit cent-neuf, il prenait part a la malheureuse expedition de
Wolcheren, qui couta cher et rapporta peu de gloire A l'Angleterre.
L'annee suivante, il devenait aide-de-camp du general de Rottenburg et
partait pour le Canada, ou des parents et amis devoues l'accueillirent
avec des transports de joie.
Les Canadiens-Francais se montraient avec enthousiasme le jeune
officier, qui, parti enfant de son pays, revenait plein de force, dans
tout l'eclat de la gloire et de la beaute.
On etait alors aux mauvais jours de Craig, epoque de fanatisme et de
persecution, mais epoque aussi de grandeur morale et nationale. La lutte
devenait difficile; l'energie des Bedard et des Papineau n'en pouvait
plus.
Mais bientot un cri d'alarme retentit partout; les Etats-Unis venaient
de declarer la guerre a l'Angleterre et se preparaient a envahir le
Canada. On comprit, en face du danger, la necessite de se gagner les
sympathies de la population; on lui fit force caresses et concessions.
Et pour exciter son enthousiasme et lui faire prendre les armes, on
nomma Charles-Michel de Salaberry lieutenant-colonel, et on lui confia
la mission d'organiser les voltigeurs canadiens.
Les Canadiens-Francais repondirent a l'appel de l'Angleterre et
s'enrolerent sous le drapeau de leur jeune chef.
Il etait temps, les Americains traversaient la frontiere, au mois de
juin mil huit cent-douze, a trois endroits differents.
Pendant que Brock et Sheaffe repoussaient les deux armees de l'ouest et
du centre dans des combats glorieux, le gener
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