de l'enfant, et l'ange de Dieu appela Agar du
haut du ciel, et lui dit: "Que fais-tu, Agar? Ne crains rien. Dieu a
entendu la voix de l'enfant, du lieu ou il est."
"Leve-toi, prends l'enfant, et tiens-lui la main; j'en ferai le chef
d'une grande nation."
"Et Dieu ouvrit les yeux a Agar; elle vit un puits; elle y alla; elle
emplit l'outre et donna a boire a l'enfant.
"Et elle resta avec lui, et il grandit et resta dans le desert et devint
un chasseur."
--Montre-moi l'image, dit l'enfant a Marie; et elle regarda, avec une
admiration naive, Agar avec sa grande coiffe blanche, le petit Ismael
avec sa tunique et sa ceinture, et l'ange avec ses grands cheveux
boucles.
--Maman! maman! cria-t-elle tout a coup a Madeleine, Agar, c'est toi; je
suis le petit Ismael, et l'ange, c'est ma bonne Marie.
--Oui, oui, dit Madeleine: tu dis plus vrai que tu ne crois; l'ange qui
m'a sauvee du desespoir et qui t'a rendu la vie, c'est Mademoiselle.
--Si tu es Ismael, dit Marie en riant a la petite Julie, tu feras donc
comme lui quand tu seras grande, tu seras une chasseresse, et, comme le
fils d'Agar, tu auras un arc et des fleches sur l'epaule?
--Non, quand je serai grande, je sais bien ce que je ferai.
--Et que feras-tu? dit la mere.
--C'est mon secret, repondit l'enfant en mettant un doigt sur ses
levres, je ne le dirai qu'a Marie.
--Je t'ecoute, mon enfant.
--Eh bien, j'irai chercher une petite fille malade, je la mettrai sur
mes genoux, je l'habillerai, je l'embrasserai, je la guerirai, et je lui
dirai: "Appelle-moi ta petite maman." Et elle se jeta dans les bras de
Marie.
Voila mon histoire; elle n'est ni longue, ni curieuse, je la donne telle
qu'on me l'a contee il y a douze ans. Depuis lors tout a change dans la
maison de la rue du Helder. Mme Remy s'est retiree dans son pays, trop
vieille pour veiller plus longtemps dans sa loge, et n'ayant pas realise
son reve d'une oie grasse tous les jours, encore bien que ma cousine lui
fasse une pension qui la mette au-dessus du besoin. Mlle Rose n'a pu
rester dans une maison ou l'on frayait avec les petites gens; elle a
epouse un cocher anglais, qui, dit-on, la bat quelquefois, mais qui l'a
fait entrer au service d'une duchesse; elle porte des dentelles a son
bonnet, ce qui, avec son nez pointu et sa figure seche, lui donne plus
que jamais la figure d'un oiseau. La mansarde du sixieme est vide; mais
il y a, a l'entresol, une jeune blanchisseuse en dentelles qu
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