vous de ces delicats qui n'osent
pas rire, de crainte de montrer leurs dents, qu'ils viennent gouter a
mon macaroni, adressez-les a Amalfi et qu'ils demandent la Lune. Nous
leur servirons dans une assiette, plus de morale que n'en fournirait
tout Paris.
[Illustration]
"A propos, ajouta-t-elle, on vous attend pour partir; le vent se leve,
les matelots craignent que Votre Seigneurie ne soit incommodee comme ce
matin. On dirait que cette nouvelle vous attriste. Bon courage! Le mal
passe n'est que songe, et quoique le mal futur ait les bras longs, il ne
nous tient pas encore. Vous n'y pensiez pas tout a l'heure.
--Merci, ma bonne Palomba, vous m'avez trouve ce que cherchais. Un
moment d'oubli entre de longues peines, un peu de repos au milieu du
vent et de la mer, du travail et de l'ennui, voila ce que donnent les
contes et les reves. Bien fou qui leur en demande davantage. _Ecco la
moralita._"
BLANDINE L'ESCLAVE
RECIT HISTORIQUE
De toutes les vertus qui honorent une femme, la plus belle et la plus
precieuse, sans contredit, c'est la piete, car elle contient en soi
toutes les autres: la charite, le sacrifice, la modestie, le courage,
l'amour de la justice et de la verite. Les femmes de France se sont
toujours distinguees par leur piete; depuis la reine Bathilde et la mere
de saint Louis jusqu'a Jeanne d'Arc, depuis sainte Genevieve jusqu'a
l'epouse de Louis XV, la reine Marie Leckzinska, on peut citer aupres du
trone, comme dans les conditions les plus obscures, une foule de femmes
devenues celebres par leur saintete, non moins que par leur courage et
par leur esprit. Mais parmi tous les noms qui sont venus jusqu'a nous
et qu'entoure la veneration des siecles, il n'en est pas un qui merite
d'etre conserve avec plus de respect que celui de la pauvre esclave
Blandine, la premiere victime de la persecution paienne dans les Gaules,
la premiere martyre de Lyon.
On sait que le christianisme vint du bonne heure en notre pays. Il y fut
apporte par les disciples de saint Jean, venus d'Orient pour repandre la
_bonne nouvelle_ dans les Gaules. Des le milieu du second siecle apres
Jesus-Christ, au temps de l'empereur Marc-Aurele, nous trouvons a Lyon
une Eglise deja florissante, quoique cachee; cette Eglise a pour chef
Pontinus, vieillard de plus de quatre-vingt-dix ans, qui avait du
entendre a Ephese le disciple bien-aime du Seigneur. Des chretiens venus
de la Grece et d'Asie, des Romains et des Gaulois conver
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