es. A quoi tient cette
meprise singuliere? Je pense pouvoir l'expliquer ainsi; le sujet, conduit
par la suggestion d'allongement des lignes, s'attend, chaque fois qu'on
decouvre une ligne nouvelle, a la trouver plus grande que la precedente;
quand on lui en montre une qui reellement est moins grande que celle qu'il
attend, il peut soit la croire reellement plus grande (il est alors victime
de la suggestion) soit s'etonner que son attente soit trompee; s'apercevant
que la ligne est plus petite que celle qu'il attend, il subit un effet de
contraste d'autant plus fort que son attente est plus vive, et ce contraste
lui fait paraitre la ligne plus petite qu'elle n'est en realite. Je donne
cette explication en des termes qui feraient croire que l'operation mentale
est entierement consciente, et qu'elle se compose d'une attente, d'un
dementi a cette attente, et d'un etonnement qui modifie le jugement du
sujet. J'ignore si le sujet a toujours conscience de cette serie de
phenomenes; mais il est certain que dans quelques cas, que j'ai pu analyser
avec soin, le sujet opere machinalement, sans se douter de la complexite de
l'etat de conscience qui dirige sa main. J'en citerai un exemple. M. F...
publiciste distingue, age environ de 35 ans, se soumit un jour a cette
experience pendant une visite qu'il faisait a mon laboratoire (le 25
mars 1899); il a raccourci tres regulierement chaque _ligne-piege_ de 4
millimetres; voici ses chiffres:
Numeros des lignes. Ecarts reels. Ecarts indiques
par M. F.
Ligne 1 12 16
Difference de 1 a 2 12 12
-- 2 a 3 12 12
-- 3 a 4 12 12
-- 4 a 5 12 12
Piege -- 5 a 6 0 -- 4
-- 6 a 7 12 12
Piege -- 7 a 8 0 -- 4
-- 8 a 9 12 20
Piege -- 9 a 10 0 -- 4
-- 10 a 11 12 16
Piege -- 11 a 12 0 -- 4
Des l'experience terminee, j'interroge M. F... pour savoir ce qui l'a
conduit a raccourcir les _lignes-pieges;_ il me repond simplement que s'il
a fait les lignes 6, 8, 10 et 12 plus courtes que les precedentes, c'est
qu'il a cru qu'elles etaient plus courtes dans le mo
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