je la mets sous vos auspices. J'espere que la formule de
_consideration_ de mon pauvre vigneronne paraitra pas irrespectueuse
au prince. C'est certainement ce que le brave homme a cru dire de plus
respectueux. C'est decidement a Jemmapes qu'il desire se fixer; mais il
eut fallu sans doute qu'il designat la localite. Comment eut-il pu le
faire? on ne lui a pas permis de voir et de s'informer. On l'a reexpedie
en France tout de suite. Il a jete, seulement en passant, un regard sur
un beau pays, et on lui a dit qu'il y avait la les dix-huit vingtiemes
des terres a concessionner. Que faut-il qu'il fasse pour mettre sa
demande en regle?
Peut-etre un mot de Son Altesse imperiale, qui ordonnerait purement
et simplement un _tres bon choix_ aux autorites locales competentes,
suffirait-il pour abreger et lever la difficulte. On a dit a Patureau
qu'aux environs de Sidi-bel-Abbes (et il faut peut-etre que vous sachiez
incidemment ce detail), une _masse_ de colons espagnols ecartaient
a coups de couteau les colons francais. Le renseignement paraissait
serieux. Patureau, qui n'est pas _guerrier_, a donc recule devant la
lutte; c'est pourquoi il n'a pas persiste dans le desir d'etre le voisin
de mon neveu, l'ancien spahi, qui, lui, se moque des Espagnols comme des
Arabes.
A cette demande de concession, je joins la demande du meme Patureau au
ministre, que Son Altesse a promis de vouloir bien appuyer, a l'effet
d'un sejour de deux mois de notre exile, dans sa famille. Si vous voulez
bien la faire remettre a M. Hubaine [1], je crois que c'est lui qui est
charge de la faire tenir au ministre.
Il me reste a vous parler de l'affaire Sarlande, dont vous avez promis
a Maurice et a moi de vouloir bien ne pas cesser de vous occuper. On
m'ecrit que le trace du chemin de fer d'Alger a Blidah et Oran, soutenu
par Sarlande, a ete adopte. Je ne le crois pas encore, parce que, si
cela etait, sachant combien je m'interesse a lui, je suis sure que vous
auriez eu l'obligeance gracieuse de me le faire savoir. Dans tous les
cas, je suis toute disposee, par la connaissance que j'ai du caractere
et de la position de M. Sarlande, a lui servir d'avocat aupres du prince
pour qu'il obtienne la concession de ce chemin de fer. On m'ecrit aussi
qu'il y a de nombreux concurrents pour cette demande, voulant tous,
avant tout, qu'on leur garantisse _tout de suite_ l'interet de cinq pour
cent sur soixante millions, tandis que Sarlande, qui est un des notables
de
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