enser votre _vertu_, et meme votre _sournoiserie_, qui me
parait une amabilite de plus.
J'espere que Maurice va bientot venir me raconter vos decouvertes
chimico-culinaires, et que, plus tard, vous me raconterez que vous avez
tire, de votre fournaise du Theatre-Francais, un fort bon mets pour le
public. Calmez les impatiences inevitables du metier d'auteur assistant
aux repetitions. Cela est terrible, je le sais, surtout a ce theatre,
ou chacun en prend a son aise; mais, en somme, dites-vous que vous etes
dans l'age ou ces agitations font vivre.
Moi, je suis dans celui ou l'on prise davantage la tranquillite; mais je
ne vous souhaite pas d'avoir la philosophie trop precoce. Les paysans
d'ici disent: "On a bien le temps d'etre vieux!"
Bonsoir et merci, et tout a vous de coeur.
G. SAND.
[1] Charles Duvernet.
CDLIX
A SON ALTESSE LE PRINCE NAPOLEON. (JEROME), A PARIS
Nohant, 27 juin 1860.
Monseigneur et cher prince,
Je suis bien vivement affectee du coup qui vous frappe. Quelque prevu
qu'il fut,--car vous me l'aviez comme annonce, la derniere fois que je
vous ai vu,--je comprends que votre douleur doit etre grande, sachant
combien vous aimiez cet excellent pere. C'etait aussi un digne homme,
brave, loyal et d'une ame genereuse.
Vous devez a son souvenir d'etre encore lui, c'est-a-dire de resister au
chagrin, aux decouragements qui s'emparent du coeur dans ces terribles
separations, et de tenir bien haut toujours le drapeau de la vie, il est
lourd, j'en conviens, et la main des plus forts s'engourdit souvent a le
porter! Mais vous avez, pour ne pas faiblir, entre mille autres dons de
Dieu, le souvenir de ce pere si jaloux de votre bonheur. Vivre bien et
noblement est une dette que vous avez contractee envers lui et que vous
saurez acquitter en restant vous-meme, dans le chagrin comme dans le
calme.
Croyez que vos amis, vous sachant afflige si profondement, vous aiment
davantage. Mon fils se joint a moi pour vous le dire du fond du coeur.
G. SAND.
CDLX
A M. JULES BOUCOIRAN, REDACTEUR EN CHEF DU _COURRIER DU GARD,_ A NIMES
Nohant, 31 juillet 1860.
Cher vieux,
C'est une joie toujours, ici, de recevoir de vos nouvelles. Tout le
monde va bien. Je me porte infiniment mieux depuis que je suis vieille
et je reponds vite a votre demande.
Non, les ouvrages des vivants ne tombent jamais dans le domaine public,
et
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