dommagement pour les pertes qu'il avait eprouvees. Bien plus, comme
il avait besoin de quelques moyens de transport pour faire arriver
plus promptement les vivres et l'artillerie de siege, il mit en
requisition quelques voitures et quelques chevaux du pays, mais ce
furent ceux de ses fermiers et ses plus beaux attelages personnels
qu'il prit tout d'abord. On lui fit pourtant un crime de cet acte,
que l'on qualifiait d'arbitraire, et il fut cite devant l'Assemblee
legislative. Il n'hesita pas a se demettre de ses fonctions de
gouverneur pour venir se disculper devant ses concitoyens, et tout en
rendant compte de sa conduite, il put justement defier qui que ce fut
d'avoir plus contribue que lui, de ses biens et de sa fortune, au
succes de cette importante campagne. Il fut acquitte avec eloges;
mais il ne voulut pas reprendre son gouvernement, qu'il laissa a M.
Harrison. L'amitie de Washington et les temoignages d'estime que de
Rochambeau vint lui donner dans sa retraite durent le consoler un peu
de l'ingratitude de ses concitoyens.
XXIII
Aussitot que la capitulation fut signee, M. de Rochambeau fit venir
aupres de lui M. de Lauzun et lui dit qu'il le destinait a porter
cette grande nouvelle en France. Lauzun s'en defendit et lui conseilla
d'envoyer de preference M. de Charlus, qui y trouverait l'occasion de
rentrer dans les bonnes graces du duc de Castries, son pere. Mais M.
de Rochambeau lui repliqua que, puisqu'il avait commande la premiere
affaire, c'etait a lui a porter le premier la nouvelle du succes, et
que le comte Guillaume de Deux-Ponts ayant engage la seconde action
partirait sur une autre fregate pour porter les details. M. de Lauzun
dit dans ses memoires que de Charlus ne pardonna jamais a M.
de Rochambeau ni a lui-meme de n'avoir pas ete charge de cette
commission. Pourtant ce dernier partit aussi peu de jours apres avec
Guillaume de Deux-Ponts.
[Illustration: MAISON DU GOUVERNEUR NELSON A YORKTOWN]
Lauzun s'embarqua le 24, sur la fregate _la Surveillante_, et parvint
a Brest apres vingt-deux jours de traversee. En meme temps, le general
Washington depechait son aide de camp, Tightman, au Congres.
La nouvelle de la prise d'York, qui se repandit aussitot dans
Philadelphie, y causa une joie inexprimable[216]. Le Congres se
rassembla le 29 et prit une resolution pour faire eriger une colonne
de marbre a York, ornee d'emblemes rappelant l'alliance entre les
Etats-Unis et la France avec un recit su
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