mple requisition, avec tous les
secours qu'il lui avait demandes, et que, sans son concours, les
allies n'auraient pas pris l'armee de Cornwallis. Le roi lui repliqua
sur-le-champ qu'il se souvenait tres-bien de toutes ses depeches;
qu'il n'oublierait jamais les services que M. de Grasse y avait rendus
concurremment avec lui; que ce qui lui etait arrive depuis etait
une affaire qui restait a juger. Il donna le lendemain au comte de
Rochambeau les entrees de sa chambre; peu de temps apres, le cordon
bleu de ses ordres au lieu du cordon rouge, et le commandement de
Picardie qui devint vacant un an apres.
Les officiers generaux, les officiers subalternes et les soldats du
corps expeditionnaire recurent aussi des titres, des pensions, de
l'avancement ou des honneurs[232]. Par une inexplicable exception,
dont M. de Lauzun se plaint amerement dans ses _Memoires_, sa legion
seule n'obtint aucune faveur. La disgrace dont fut frappe ce brave
colonel apres la mort de son protecteur, M. de Maurepas, n'etait que
la consequence forcee d'un de ces revirements si communs a la cour a
cette epoque. M. de Lauzun n'en parut du reste pas trop surpris. Mais
en etendant indistinctement a tous les officiers et soldats de la
legion l'injustice commise envers son chef, le gouvernement francais
donna une preuve nouvelle de l'influence que pouvaient avoir sur ses
decisions la jalousie et l'intrigue. Peut-etre pourrait-on faire
remonter au mecontentement de Lauzun en cette circonstance,
mecontentement qui trouvait un aliment dans les idees liberales qu'il
venait de puiser en Amerique, la cause du peu de soutien qu'un preta
a l'autorite royale lorsque, dix ans plus tard, elle etait battue en
breche. On sait que Lauzun, devenu duc de Gontaut-Biron, fut general
en chef d'une armee republicaine destinee a combattre les Vendeens. On
sait aussi que la sincere ardeur avec laquelle il accepta les reformes
nouvelles ne la sauva pas de l'echafaud.
[Note 232: Voir la deuxieme partie de cet ouvrage.]
Parmi les principaux officiers recompenses, le baron de Viomenil fut
fait lieutenant general. MM. de La Fayette, de Choisy, de Beville, le
comte de Custine, de Rostaing, d'Autichamp, furent faits marechaux de
camp. MM. d'Aboville, Desandroins, de La Valette, de l'Estrade, du
Portail, du Muy de Saint-Mesme et le marquis de Deux-Ponts furent
faits brigadiers. Tous les colonels en second eurent des regiments; le
vicomte de Rochambeau en particulier fut fait ch
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