que le renfort arrive a
Charleston et celui de quatre mille hommes qu'on y attendait d'Irlande
ne missent les Anglais en etat de reprendre l'offensive, sollicita
vivement de M. de Rochambeau de lui envoyer un fort detachement de
troupes francaises. Mais le general francais, estimant que le general
Green se laissait influencer par les faux bruits que l'ennemi faisait
repandre, ne changea rien a ses dispositions. Il laissa son infanterie
dans ses quartiers d'hiver et se borna a etendre ceux de la legion
de Lauzun, commandee par M. de Choisy, jusqu'aux frontieres de la
Caroline du Nord. Il chargea cependant l'adjudant general Dumas de
pousser des reconnaissances bien au dela et de preparer des ouvertures
de marche dans le cas ou des circonstances qu'il ne prevoyait pas
exigeraient qu'il fit avancer une partie de son armee. Dumas
resta occupe de ces fonctions pendant tout l'hiver, ne revenant a
Williamsbourg que rarement, pour rendre compte au general de ses
operations et pour soigner son ami Charles de Lameth, toujours
tres-souffrant de ses blessures, et qui retourna en France aussitot
qu'il fut en etat de supporter la mer.
La Fayette partit aussi de Boston pour la France, sur l'Alliance, le
23 decembre 1781. Il arriva en vingt-trois jours dans sa patrie, ou
il se consacra encore au service de la cause des Americains, en y
employant la faveur dont il jouissait a la cour et les sympathies que
sa conduite lui avait acquises dans l'opinion publique.
XXV
Il y eut ainsi comme un armistice sur le continent pendant cet hiver.
On apprenait pourtant par des fregates venues de France[220] que l'on
y preparait un grand convoi et des renforts pour les Antilles, afin
de mettre le comte de Grasse en etat de soutenir la lutte contre la
flotte anglaise, sous les ordres de l'amiral Rodney. Deja dans la
seconde moitie de janvier on avait appris la prise de Saint-Eustache
et de Saint-Christophe par M. de Bouille, et celle de l'ile Minorque
par M. de Crillon. Mais les faveurs de la fortune allaient avoir un
terme fatal pour M. de Grasse. Le grand convoi parti de France sous
l'escorte de M. de Guichen fut disperse par la tempete. Les Anglais
reunirent toutes leurs forces navales aux iles du Vent, et le comte de
Grasse, malgre l'inferiorite de sa flotte, se hasarda de mettre a
la voile pour convoyer les troupes de M. de Bouille qui devaient se
reunir, a Saint-Domingue, a celles que commandait le general espagnol
don Galvez. L'amir
|