De son cote le gouvernement
francais ne discontinuait d'envoyer des secours autant que le lui
permettait le mauvais etat de ses finances. Deux fregates, la Gloire
et l'Aigle, sous le commandement de M. de La Touche-Treville, furent
expediees de Brest, le 19 mai 1782. Je reviendrai bientot sur la
traversee de ces deux fregates qui portaient en Amerique, outre des
secours en argent, la fleur de la noblesse francaise.[222]
[Note 222: La relation inedite de M. de Broglie que je possede
m'aidera a completer, sur le recit de cette nouvelle expedition, la
narration que M. de Segur nous en a donnee dans ses Memoires. Les Mss.
de Petit Thouars donnent aussi des details nombreux sur ce sujet.]
Je reviens aux mouvements que dut executer l'armee francaise apres les
recents evenements des Antilles.
Apres le combat du 12 avril, ou le comte de Grasse fut fait
prisonnier, le marquis de Vaudreuil, qui avait pris le commandement de
la flotte, recut l'ordre de venir a Boston pour y reparer son escadre.
Sur l'avis qu'il en donna au ministre francais, M. de la Luzerne, M.
de Rochambeau sentit la necessite de se rapprocher avec son armee des
provinces du Nord. Les chaleurs excessives du climat de la Virginie
avaient cause beaucoup de maladies.
D'ailleurs les preparatifs que faisaient les Anglais pour evacuer
Charleston rendaient superflu un plus long sejour des troupes
francaises dans les Etats du Sud. M. de Rochambeau apprenait en
meme temps qu'il se preparait a New-York un embarquement de troupes
destinees a aller attaquer quelques-unes des colonies francaises.
Il se determina donc a mettre ses troupes en mouvement pour les
rapprocher de New York et a demander au general Washington une
entrevue a Philadelphie. Cette conference eut lieu, et il y fut decide
que les deux armees reprendraient leurs anciennes positions sur la
riviere d'Hudson et s'approcheraient le plus possible de New-York
pour menacer cette place et l'empecher d'envoyer aucun detachement au
dehors.
XXVI
Aussitot commenca le mouvement retrograde de l'armee francaise. Il
s'opera lentement, le soldat marchant la nuit et se reposant le jour.
Rochambeau avait pris les devants pour conferer avec Washington, et
il avait laisse au chevalier de Chastellux et au comte de Viomenil le
soin de conduire les troupes d'apres les sages instructions qu'il leur
avait donnees. On accorda aux troupes un mois de repos a Baltimore,
d'ou elles partirent par bataillons pour eviter
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