i l'avait occupe avant de lui preferer Yorktown, en
avait etendu et perfectionne les fortifications. L'adjudant general
Dumas fut charge de detruire ces ouvrages le plus rapidement possible;
on mit sous ses ordres, dans ce but, un bataillon de milices
americaines. Dumas trouva ces retranchements dans un tres bon etat. Il
profita d'un vent d'ouest tres violent pour incendier les fascinages,
les palissades et les abatis; mais il fut oblige d'employer ensuite
plus de huit jours, avec l'aide de tous les miliciens et de tous les
ouvriers qu'il put rassembler, pour en achever la destruction complete
Le comte de Grasse, aussitot apres la capitulation, avait fait ses
preparatifs de depart. Pendant les journees des 1 et 3 novembre, il
fit embarquer sur ses vaisseaux les soldats de Saint-Simon, prit des
approvisionnements et le 4 il fit voile pour les Antilles, ne laissant
dans la baie de Chesapeak qu'une petite escadre composee du Romulus,
aux ordres de M. de La Villebrune, et de trois fregates; Le meme jour,
les batiments promis aux Anglais pour les transporter a New-York ou en
Angleterre furent mis a leur disposition. Lord Cornwallis s'embarqua
pour New-York. Les premiers succes de ce general avaient fait esperer
aux Anglais qu'il allait devenir le conquerant des colonies revoltees
et leur punisseur[219]. Lui-meme avait longtemps compte sur le succes.
[Note 219: Vieux mot dont Corneille, qui en sentait la valeur, s'est
servi pour la derniere fois et qui merite d'etre rehabilite.
Pendant toute la campagne de 1781, il ne cessait d'ecrire a son
gouvernement qu'il avait definitivement conquis les Carolines; et
comme cette conquete etait toujours a refaire, on assimila plaisamment
en Angleterre le succes de ce general a la capture qu'avait faite un
soldat ecossais d'un milicien americain. Il ecrit a son capitaine:
J'ai fait un prisonnier.--Eh bien! il faut l'amener.--Mais il ne veut
pas.--Reviens toi-meme alors.--Mais c'est qu'il ne veut pas me laisser
aller.
Pourtant Cornwallis ne garda pas trop longtemps ses illusions. Six
mois avant la chute d'York, comme on lui avait offert le titre de
marquis, voici ce qu'il ecrivit au lord Germaine: "Je vous supplie
de faire mes plus humbles remerciements a Sa Majeste pour ses bonnes
intentions et de lui representer en meme temps tous les dangers de ma
position. Avec le peu de troupes que j'ai, trois victoires de plus
acheveront de me ruiner si le renfort que je demande n'arrive pas.
Ju
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