main soir, a minuit, a Saint-Germain-l'Auxerrois... Mais vous etes
seul a le savoir.
--Et vous desirez que j'y assiste?
--Mon bonheur ne serait pas complet si vous n'etiez la.
--Bon. Comment et a quelle heure entrerai-je dans l'eglise?
--Trouvez-vous a onze heures a la petite porte qui donne sur le
cloitre... mais soyez seul.
--Tres bien, mon cher comte!...
Et le chevalier songea:
"J'y serai avec quelques bonnes epees que je connais. Car, je veux
donner mon ame au diable, si la douce Catherine ne cherche pas a faire
assassiner son fils!..."
--Sortons, voulez-vous? reprit Marillac. Je veux passer avec vous cette
fin de journee. Nous entrerons en quelque guinguette du bord de l'eau,
et nous viderons bouteille...
--Je ne demande pas mieux, car, moi-meme, je ne serais pas fache de voir
un peu ce qui se passe dans Paris. Avez-vous remarque, mon cher comte,
comme Paris a l'air fievreux...
--Non, je n'ai pas remarque, mon ami. Que voulez-vous? le bonheur est
egoiste... mais, une chose que je remarque parfaitement, c'est que vous,
si gai tous ces jours-ci, vous etes triste...
--Triste? Non pas... mais inquiet."
Les deux amis etaient dehors. Il faisait un beau soleil, et, comme
le gros de la chaleur etait passe, la rue etait pleine de gens
endimanches...
--Et le sujet de cette inquietude? demanda Marillac en prenant le bras
du chevalier.
--Voici. Mon pere a disparu depuis trois jours et je crains qu'il ne se
soit jete en quelque perilleuse aventure.
--Quoi? Vous n'en avez aucune nouvelle?
--Aucune. Mercredi soir, il est sorti de l'hotel de Montmorency en
disant au suisse que, s'il n'etait pas rentre au matin, c'est qu'il
aurait entrepris un voyage. Quel peut etre ce voyage? Et comment a-t-il
pu sortir de Paris?
--C'est un homme d'une rare prudence et, sans aucun doute, vous avez
tort de vous inquieter.
--Je le sais. Aussi, ne suis-je pas trop inquiet pour lui. Et,
d'ailleurs, s'il y eut un danger immediat, il m'eut prevenu. Seulement,
pendant qu'il travaillait de son cote, je travaillais du mien et son
absence peut compromettre la reussite de mon plan.
--Voyons votre plan, fit Marillac.
--Je suis arrive a seduire un sergent qui doit etre de garde a la porte
Saint-Denis, mardi prochain. Il m'a promis de ne defendre que mollement
le passage, pourvu que j'attaque avec vigueur. En outre, il s'arrangera
pour que le pont soit baisse au moment ou je l'attaquerai... Je compte
sur vous, mon
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