r les rires
et les bravos qui l'accueillaient.
Quant a Maurevert, il se perdit dans la foule, gagna lentement les
portes des salons, puis sortit du Louvre et disparut dans les rues
noires.
VI
L'ORAGE GRONDE (suite)
"Le bravo d'abords et lui ensuite!" avait dit la reine Catherine a sa
suivante Paola.
Nous venons d'assister a l'entretien qu'elle avait eu avec Maurevert. La
suivante florentine introduisit alors le personnage que la reine avait
simplement appele "lui".
Ce nouveau personnage, ayant salue la reine, se tint immobile devant
elle dans une attitude de raideur ou il y avait autre chose que de la
fierte. Il etait tres pale. Ses yeux ardents eclairaient cette paleur
d'un feu etrange.
Cet homme, c'etait le comte de Marillac.
--Vous etes fidele au rendez-vous, dit enfin Catherine; merci, comte.
--C'est bien plutot a moi de remercier Votre Majeste de l'interet
qu'elle daigne me temoigner, de la promesse qu'elle a bien voulu me
faire...
La reine fit un signe de tete ou il y avait de la lassitude, de la
melancolie, des sentiments reprimes, quelque chose comme une
affection profonde qui n'ose eclater. Sa voix avait pris une douceur
extraordinaire.
--Comte, dit-elle de cette voix harmonieuse, restee si jeune et si pure,
il faut avant tout que je vous supplie de ne pas vous etonner de cet
interet que vous avez pu remarquer...
--Madame, s'ecria Marillac remue jusqu'aux entrailles, est-ce bien la
reine qui me parle ainsi?
Et, en cette minute, il eut l'impression emouvante que Catherine allait
lui repondre:
"Non pas la reine... mais votre mere!..."
Cette reponse ne vint pas.
--Comte, dit-elle, vous etes l'homme le plus genereux que j'aie
rencontre... C'est a cette generosite que je fais appel pour vous prier
de ne pas m'interroger au sujet de cet interet... de cette affection que
je vous porte.
--S'il y a un secret dans la pensee de Votre Majeste, et que ce secret
soit surpris par moi, puisse-je etre foudroye par le feu du ciel avant
que de mon coeur il soit monte a ma langue!
--Il y a un secret... Eh bien, oui, comte!... Et tenez... ce secret, je
vous jure de vous le divulguer un jour... bientot...
Le jeune homme laissa echapper un faible cri.
--Bientot, reprit la reine avec un admirable desordre dans la voix, vous
saurez pourquoi je m'interesse tant a vous, pourquoi j'ai du, dans notre
derniere entrevue, feindre la froideur, et pourquoi, cependant, je vous
offrais une roy
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