e trouva a cheval sur quelque seigneur; mais, a part Pon tus
qui etait catholique, tous ces chevaux humains se trouverent etre des
huguenots; en effet, chacune des bacchantes s'etait accrochee a un
huguenot, et, bon gre mal gre, poussee, hissee par des catholiques,
enfourchait ses epaules, et le huguenot, moitie riant, moitie
scandalise, se laissait faire.
Alors, chacun de ces huguenots, ainsi transforme en bete de somme, fut
saisi par les mains par deux catholiques qui l'entrainerent.
Il y eut ainsi une cinquantaine de demoiselles a cheval sur des epaules
huguenotes; le tout forma une longue file qui, parmi les tonnerres des
vivats, les cris, les rires, commenca a cavalcader.
En tete de cette cavalcade courait le duc de Guise, qui criait:
"Place aux centauresses! Place a l'union des sexes et des religions!"
Et les centauresses, impudiques et superbes, toutes belles filles,
toutes demoiselles de haute noblesse, agitant leur jambes nues,
comme pour donner des coups d'eperon, depoitraillees, se demenant,
gesticulant, les centauresses proclamaient la grande victoire de la
messe...
Or, pendant que l'escadron volant de la reine, c'est-a-dire les
demoiselles que Catherine avaient asservies et dressees aux besoins
de sa politique et de sa police, pendant que les filles de la reine
s'emparaient des huguenots, en meme temps, une scene identique se
produisait, les seigneurs catholiques s'emparaient des dames huguenotes
et les obligeaient a participer a une sorte de sarabande affolee.
Ce fut dans ce moment que le roi parut
Les rires s'eteignirent d'un coup.
Les huguenots retrouverent leurs femmes et les catholiques se placerent
en masse sur le passage de Charles IX.
Celui-ci apercut Coligny qui, impassible et les sourcils fronces, avait
assiste, pale et muet, aux scenes que nous venons d'esquisser d'un
trait. L'amiral salua profondement le roi; mais celui-ci, s'avancant
vers lui, le saisit dans ses bras, l'embrassa tendrement et lui dit:
--Eh bien, mon bon pere, vous vous divertissez?
--Admirablement, sire, ces messieurs de votre cour ont des facons que je
n'oublierai de ma vie...
--Peut-etre, fit le roi, eussiez-vous prefere un autre amusement, comme,
par exemple, de courir au roi, comme on courre le cerf...
Ces paroles resonnerent comme un couo de tonnerre; pourtant Charles IX
les avait prononcees en souriant.
--Sire, dit l'amiral froidement, j'espere que Votre Majeste voudra bien
m'expliquer sa
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