u'il avait jure de se taire. Ensuite, s'il n'etait pas
trop tard, il irait chez Alice.
A ce moment, une bande joyeuse l'entoura, l'enveloppa d'une sorte de
farandole. Dans la bande, le plus joyeux etait le duc d'Anjou.
--Messire, vous ne vous amusez donc pas! criait le duc d'Anjou.
--Mon frere..., songea le comte, qui eut un sourire ou parut toute
l'affection qui debordait de son ame.
--Mort-Dieu! messieurs de la Reforme, il faut s'amuser! reprenait Anjou.
--Monseigneur, dit le comte, jamais de ma vie je n'ai eu joie pareille.
--A la bonne heure!
Et toute la bande entourant Marillac, chercha a l'entrainer. Et il
sembla au comte que les seigneurs catholiques, qui s'amusaient ainsi,
cherchaient a le rendre ridicule. Un flot de sang monta a son visage,
et, en quelques bourrades, il se degagea. La bande s'enfuit en riant.
Alors, le comte s'apercut que la fete prenait etrange tournure.
Les seigneurs catholiques s'etaient organises par petites bandes de
cinq ou six, et chacune d'elles entourait un gentilhomme huguenot. Sous
pretexte de liesse et d'amusement, chaque huguenot devenait un centre de
moqueries.
Dans une salle, Henri de Bearn, saisi ainsi par la bande de Guise,
servait de balle que les gentilshommes catholiques se renvoyaient l'un a
l'autre. Pale et inquiet, le ruse Bearnais n'en riait que plus fort.
Dans une autre salle, le prince de Conde tenait tete a une dizaine de
catholiques, mais, moins patient que son roi, il rendait coup pour coup
et bourrade pour bourrade. En sorte que, la, les rixes sonnaient la
fete.
Cependant, les huguenots ne pensaient pas encore a mal et faisaient
preuve d'une bonne grace endurante, qui excitait les brocards et les
lazzi des gentilshommes catholiques.
Soudain, une cinquantaine de nymphes se tenant par la main, laissant
voir de leur chair tout ce qu'elles pouvaient en montrer, les yeux
brillants, les levres ouvertes aux baisers, ces jeunes filles,
disons-nous, se ruerent a travers l'immense salon dore ou venait d'avoir
lieu un ballet sylvestre, dans lequel elles avaient joue un role.
--L'escadron volant de la reine! s'ecria Guise. Nous allons rire.
Le mot etait bien trouve; il fit le tour des salles. Pontus de Thyard
declara qu'il fallait des chevaux pour un pareil escadron, et, s'offrant
en exemple, saisit l'une des bacchantes au vol, la placa a califourchon
sur ses epaules.
En un instant, une rumeur de folie secoua la fete, chacune des
bacchantes s
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