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avait repris son attitude de statue. Rien ne paraissait fremir ou vivre en lui. --C'est un cas de conscience que je veux vous exposer. Je pense que vous etes, comme moi, interesse a sa solution. Dites-moi, marquis, ne pensez-vous pas que vous etes assez venge, et qu'Alice a assez souffert? Cette fois, les paupieres baissees du moine se releverent lentement et son regard se fixa sur la reine, avec epouvante. --Vous me parliez d'une lettre, reprit-elle, de cette lettre qu'elle a ecrite sous votre dictee et que vous m'avez remise; je vais vous dire, marquis. Cette lettre, je veux la rendre a la malheureuse. Moi, je trouve que c'est assez. Et vous? --Je suis de l'avis de Votre Majeste, dit Panigarola d'une voix morne. "Ah! ah! songea la reine. Joue-t-il au plus ruse?... Non, par la Madone, il n'est que trop sincere!" Et elle ajouta: --Je suis heureuse de ce que vous me dites la, car la lettre... eh bien, je l'ai deja rendue a Alice. Panigarola dit d'une voix paisible--trop paisible pour l'oreille exercee de Catherine: --En sorte que la voila libre? Je veux dire: delivree de vous, madame. --Et de vous, mon reverend pere. --Je ne l'ai jamais menacee. --Allons, marquis, vous etes encore un enfant. Faut-il vous dire que j'ai assiste a la scene de la confession d'Alice dans Saint-Germain-l'Auxerrois? A l'entrevue que vous avez eue avec elle, chez elle? J'ai tout vu, tout entendu, sinon par mes yeux et mes oreilles, du moins par des yeux et des oreilles qui m'appartiennent. Je sais que vous aimez Alice. Je sais que vous avez ravale votre noble elegance au hideux metier de crieur des trepasses pour pouvoir, la nuit, aller roder et sangloter autour de sa maison. Vous l'adorez encore, vous dis-je. --Vous ai-je dit que je ne l'aimais pas? fit le moine. Et cette fois la statue parut s'animer. --Je l'aime! continua-t-il. Et j'eprouve une joie affreuse a dire tout haut ce que je me repete tout bas dans le silence de mes nuits sans sommeil. Oui, ma pensee a sombre dans un ocean de desespoir et, lorsque, eperdu, je leve les yeux au ciel, je n'y decouvre pas l'etoile qui pourrait me ramener a l'apaisement. Dieu, espoir supreme! je t'ai cherche: tu n'es que neant... En moi, madame, il ne reste plus rien; je suis une ombre, moins qu'une ombre... Et pourtant, lorsque j'entre dans les obscures profondeurs de ma conscience, parfois, dans la nuit de mon deuil, je vois luire l'aube incertaine d'un sentiment nouve
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