eme quelques simples dizainiers se masserent a
l'interieur, pres des portes, et purent entendre le sermon.
Le discours du reverend fut entendu dans le plus grand silence.
Seulement, quand ce fut fini, un fremissement terrible parcourut cette
assemblee, surtout parmi les cures.
Puis, tout ce monde s'ecoula.
Alors une femme, qui, cachee dans une des loges, avait tout vu, tout
entendu, se leva a son tour et sortit. A la porte, elle retrouva
quelques gentilshommes qui escorterent sa litiere jusqu'a l'hotel de la
reine.
En effet, c'etait Catherine.
Et Catherine, au moment ou le sermon se finissait, s'etait penchee; son
regard, charge d'une haine avide, s'etait appesanti sur le duc de Guise,
et elle avait murmure:
"Messieurs de Lorraine, exterminez-moi les huguenots!... Ce sera bien
etonnant si, dans la bagarre, quelques bonnes arquebuses huguenotes
ou autres ne me debarrassent de vous en meme temps! Quant au roi,
ajouta-t-elle avec un sourire, il n'est pas besoin de le tuer: il meurt.
O mon Henri, tu regneras!"
Des le lendemain de cette memorable soiree, de furieuses predications
eclaterent a la fois dans toutes les eglises de Paris. Et, a la suite
de chacun de ces preches, le peuple se repandait dans les rues avec des
menaces et des imprecations contre les reformes.
X
OU TOUT LE MONDE SE TROUVE HEUREUX
Le moment est venu ou, semblable au voyageur qui monte une cote fort
rude et tres herissee d'asperites, nous devons prier le lecteur de
souffler un instant avec nous et d'examiner de haut l'ensemble de la
position.
Catherine de Medicis est la veritable protagoniste d'un gigantesque
drame. La reine, par une lente manoeuvre, se trouve a la veille d'un
double evenement qui doit, d'apres elle, se presenter dans le meme
instant. En effet, l'extermination des huguenots ne doit-elle pas etre,
du meme coup, la mort de son fils Deodat?
Catherine redoutait les huguenots qui etaient capables de soutenir les
pretentions qu'elle supposait a Henri de Bearn.
Elle redoutait les Guise, qu'elle supposait aussi ferus d'un amour sans
borne pour la puissance royale.
Elle redoutait le comte de Marillac, enfant d'une faute qui, si elle
etait decouverte, ferait d'elle la risee de la cour.
Faire massacrer les huguenots par les Guise, et les Guise par les
huguenots, assurer la disparition du comte son fils, telle dut etre sa
pensee conductrice.
Le resultat de la victoire etait de placer le duc d'Anjou sur le
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