ng et d'horreur, vous lui apparaitrez comme un dieu!...
Nous, nous serons prets...
--Comment?
--Les maisons des cent condamnes seront marquees une nuit. Au matin, ces
maisons bruleront. Et leurs habitants...
--Vous savez ou il habite, lui?
--Soyez donc tranquille! Sa maison sera la premiere brulee, puisqu'il
faut que Coligny soit le premier tue! Tout est prevu, tout est pret; le
jour est fixe...
--Quel jour?
--Le dimanche 24 aout, jour consacre a saint Barthelemy.
--Allez en paix, madame, dit le moine. Moi, je vais mediter sur ce que
je vais dire au peuple de Paris!
En parlant ainsi, Panigarola, ecumant, donnait reellement une impression
de hideur et de force qui se dechaine. Catherine de Medicis comprit
qu'il etait inutile de le pousser plus loin. Elle se retira, dit
quelques mots a l'abbe qui l'attendait dans le couloir, rejoignit au
parloir la femme qui l'avait accompagnee et monta avec elle dans sa
litiere.
La jeune femme qui avait accompagne Catherine dans cette expedition
demeurait silencieuse.
--Eh bien, fit tout a coup la reine avec une sorte de gaiete qui eut pu
paraitre macabre, tu ne me demandes pas ce qu'il a dit?
La jeune femme laissa retomber son voile, et la pale figure d'Alice de
Lux apparut.
--Madame, murmura-t-elle, comment oserais-je interroger Votre Majeste?
--Bah! Bah! Je te le permets... Tu n'oses pas?... Eh bien! je vais faire
comme si tu m'avais interrogee... Il te pardonne!
Alice de Lux eut un fremissement.
--Madame...
--Ah! oui, la lettre! C'est cela, n'est-ce pas?... Eh bien! je la lui ai
remise... Et il veut te la rendre lui-meme... Et ce n'est pas tout!...
Il veut que tu sois heureuse, jusqu'au bout: tu reverras ton enfant.
Alice, et tu pourras l'emmener.
Alice palit affreusement.
--Ah! mon Dieu, continua la reine, je n'y pensais plus!... Il ne faut
pas que le comte sache l'existence de cet enfant... Eh bien, tu en seras
quitte pour ne pas l'emmener...
Pendant que Catherine, habile tourmenteuse s'il en fut, continuait sa
route, le moine, a travers les couloirs et les escaliers du couvent, se
dirigeait vers les jardins.
Panigarola marcha machinalement vers un coin ou il y avait un banc de
pierre et ou il se promenait d'habitude.
Il s'assit sur le banc et laissa tomber sa tete dans une de ses mains.
A ce moment, il faisait presque nuit. Panigarola vit tout a coup
quelqu'un qui s'asseyait pres de lui. Ce quelqu'un, c'etait l'abbe du
couvent d
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