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le tien... Alice demeura immobile. Il semblait qu'elle fut agitee par un combat interieur. --Eh bien, Alice? fit la reine. A quoi songez-vous donc? --Pardon, madame, dit-elle en tressaillant, je... non... --Voyons, tu as quelque chose a me dire? --Non... je songeais... --Ecoute, gronda la reine, es-tu bien sure que tu n'as pas entendu la conversation que je viens d'avoir? --Je vous le jure, madame! La reine connaissait Alice: les moindres intonations de sa voix lui etaient familieres. A l'accent de la jeune femme, elle comprit sa sincerite. Du reste, Alice se remettait maintenant; elle fit la reverence et sortit. Par des couloirs et des escaliers retires, l'espionne evita les salles de fete, gagna une porte du Louvre, sortit et rentra dans sa petite maison de la rue de la Hache. La, elle s'assit, les coudes sur une table, la tete dans les deux mains, et elle reflechit: "Et pourtant, il est son fils!... Le sait-elle? Dois-je le lui dire a lui?... Dois-je le lui dire a elle?... Ah! heureusement que je me suis retenue a temps, tout a l'heure, lorsque le mot a failli m'echapper... Je n'ai pas ecoute, j'ai eu tort. Qu'ont-ils pu se dire?... Voyons, je ne me trompe pas, ma memoire est fidele... La-bas, a Saint-Germain, lorsque la reine de Navarre m'a chassee, elle a bien eu une entrevue avec Deodat... j'ai bien entendu... ses paroles sont encore dans mes oreilles... il a dit: "Pourquoi ne suis-je pas mort le jour ou j'ai appris que ma mere etait l'implacable Medicis!" Dois-je lui dire que je sais cela?... Et Catherine, sait-elle que Deodat est son fils?... Si je lui dis... Ah! qui sait s'il ne se ferait pas un revirement de coeur!..." Elle songea longuement, tournant et retournant le probleme sous toutes ses faces. "Je ne dirai rien!... telle fut sa conclusion... Si je revele a Catherine que le comte est son fils, elle le ferait peut-etre tuer!" VII PREMIER COUP DE FOUDRE Nous suivrons maintenant le comte de Marillac qui, apres avoir quitte Catherine de Medicis, etait rentre dans les salons ou se deployait la fete des fiancailles. Ainsi, toute la douleur accumulee dans son ame se fondait sous les paroles de Catherine; il retrouvait une mere douloureuse dans cette reine, qui avait ete, a ses yeux, l'implacable ennemie. Et il cherchait tout simplement Jeanne d'Albret pour lui dire, a elle la premiere, combien il avait ete heureux--sans dire le motif de ce bonheur imprevu, puisq
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