it de plus important, de plus
extraordinaire et de plus pittoresque, sur l'arrestation de la
diligence, l'etat de la Vendee et les compagnons de Jehu,
remerciant chaque fois de la voix et du geste, avec cette roideur
familiere a nos voisins d'outre-mer, et chaque fois remettant dans
la poche de cote de sa redingote son calepin enrichi d'une note
nouvelle.
Enfin, comme un spectateur tout joyeux d'un denouement inattendu,
il s'etait ecrie de satisfaction a l'aspect de l'homme masque,
avait ecoute de toutes ses oreilles, avait regarde de tous ses
yeux, ne l'avait point perdu de vue, que la porte ne se fut
refermee derriere lui, et alors, tirant vivement son calepin de sa
poche
-- Oh! monsieur, avait-il dit a son voisin, qui n'etait autre que
l'abbe, seriez-vous assez bon, si je ne m'en souvenais pas, de me
repeter mot pour mot ce qu'a dit le gentleman qui sort d'ici?
Il s'etait mis a ecrire aussitot, et, la memoire de l'abbe
s'associant a la sienne, il avait eu la satisfaction de
transcrire, dans toute son integrite, la phrase du compagnon de
Jehu au citoyen Jean Picot.
Puis, cette phrase transcrite, il s'etait ecrie avec un accent qui
ajoutait un etrange cachet d'originalite a ses paroles
-- Oh! ce n'est qu'en France, en verite, qu'il arrive de pareilles
choses; la France, c'est le pays le plus curieux du monde. Je suis
enchante, messieurs, de voyager en France et de connaitre les
Francais.
Et la derniere phrase avait ete dite avec tant de courtoisie qu'il
ne restait plus, lorsqu'on l'avait entendue sortir de cette bouche
serieuse, qu'a remercier celui qui l'avait prononcee, fut-il le
descendant des vainqueurs de Crecy, de Poitiers et d'Azincourt.
Ce fut le plus jeune des deux voyageurs qui repondit a cette
politesse avec le ton d'insouciante causticite qui paraissait lui
etre naturel.
-- Par ma foi! je suis exactement comme vous, milord; je dis
milord, car je presume que vous etes Anglais.
-- Oui, monsieur, repondit le gentleman, j'ai cet honneur.
-- Eh bien! comme je vous le disais, continua le jeune homme, je
suis enchante de voyager en France et d'y voir ce que j'y ai vu.
Il faut vivre sous le gouvernement des citoyens Gohier, Moulins,
Roger Ducos, Sieyes et Barras, pour assister a une pareille
drolerie, et quand, dans cinquante ans, on racontera qu'au milieu
d'une ville de trente mille ames, en plein jour, un voleur de
grand chemin est venu, le masque sur le visage, deux pistolets et
un sabr
|