sera bien fait?
-- Parfaitement fait, milord.
L'Anglais s'inclina.
-- L'heure et le jour du combat?
-- Oh! cela, le plus tot possible; il y a deux ans que je n'ai vu
ma famille, et je vous avoue que je suis presse d'embrasser tout
mon monde.
L'Anglais regarda Roland avec un certain etonnement; il parlait
avec tant d'assurance, qu'on eut dit qu'il avait d'avance la
certitude de ne pas etre tue.
En ce moment, on frappa a la porte, et la voix de l'aubergiste
demanda:
-- Peut-on entrer?
Le jeune homme repondit affirmativement: la porte s'ouvrit, et
l'aubergiste entra effectivement, tenant a la main une carte qu'il
presenta a son hote.
Le jeune homme prit la carte et lut:
"Charles de Valensolle."
-- De la part de M. Alfred de Barjols, dit l'hote.
-- Tres bien! fit Roland.
Puis, passant la carte a l'Anglais:
-- Tenez, cela vous regarde; c'est inutile que je voie ce
monsieur, puisque, dans ce pays-ci, on n'est plus citoyen...
M. de Valensolle est le temoin de M. de Barjols, vous etes le
mien: arrangez la chose entre vous; seulement, ajouta le jeune
homme en serrant la main de l'Anglais et en le regardant fixement,
tachez que ce soit serieux; je ne recuserais ce que vous aurez
fait que s'il n'y avait point chance de mort pour l'un ou pour
l'autre.
-- Soyez tranquille, dit l'Anglais, je ferai comme pour moi.
-- A la bonne heure, allez, et, quand tout sera arrete, remontez;
je ne bouge pas d'ici.
Sir John suivit l'aubergiste; Roland se rassit, fit pirouetter son
fauteuil dans le sens inverse et se retrouva devant sa table.
Il prit sa plume et se mit a ecrire.
Lorsque sir John rentra, Roland, apres avoir ecrit et cachete deux
lettres, mettait l'adresse sur la troisieme.
Il fit signe de la main a l'Anglais d'attendre qu'il eut fini afin
de pouvoir lui donner toute son attention.
Il acheva l'adresse, cacheta la lettre, et se retourna.
-- Eh bien, demanda-t-il, tout est-il regle?
-- Oui, dit l'Anglais, et ca a ete chose facile, vous avez affaire
a un vrai gentleman.
-- Tant mieux! fit Roland.
Et il attendit.
-- Vous vous battez dans deux heures a la fontaine de Vaucluse --
un lieu charmant -- au pistolet, en marchant l'un sur l'autre,
chacun tirant a sa volonte et pouvant continuer de marcher apres
le feu de son adversaire.
-- Par ma foi! vous avez raison, sir John; voila qui est tout a
fait bien. C'est vous qui avez regle cela?
-- Moi et le temoin de M. Barjols, vot
|