ites-lui faire
deux ou trois fois le tour du manege.
La cour de l'hotel etait en effet disposee de maniere a servir de
manege en cas de besoin.
Malicorne, sans embarras, assembla la bride et le bridon, prit la
criniere de la main gauche, placa son pied a l'etrier, s'enleva et
se mit en selle. La premiere fois il fit faire au cheval le tour
de la cour au pas.
La seconde fois, au trot.
Et la troisieme fois, au galop.
Puis il s'arreta pres du comte, mit pied a terre et jeta la bride
aux mains d'un palefrenier.
-- Eh bien! dit le comte, qu'en pensez-vous, monsieur de
Malicorne?
-- Monsieur le comte, fit Malicorne, ce cheval est de race
mecklembourgeoise. En regardant si le mors reposait bien sur les
branches, j'ai vu qu'il prenait sept ans. C'est l'age auquel il
faut preparer le cheval de guerre. L'avant-main est leger. Cheval
a tete plate, dit-on, ne fatigue jamais la main du cavalier. Le
garrot est un peu bas. L'avalement de la croupe me ferait douter
de la purete de la race allemande. Il doit avoir du sang anglais.
L'animal est droit sur ses aplombs, mais il chasse au trot; il
doit se couper. Attention a la ferrure. Il est, au reste,
maniable. Dans les voltes et les changements de pied je lui ai
trouve les aides fines.
-- Bien juge, monsieur de Malicorne, fit le comte. Vous etes
connaisseur.
Puis, se retournant vers le nouvel arrive:
-- Vous avez la un habit charmant, dit de Guiche a Malicorne. Il
ne vient pas de province, je presume; on ne taille pas dans ce
gout-la a Tours ou a Orleans.
-- Non, monsieur le comte, cet habit vient en effet de Paris.
-- Oui, cela se voit... Mais retournons a notre affaire...
Manicamp veut donc faire une seconde fille d'honneur?
-- Vous voyez ce qu'il vous ecrit, monsieur le comte.
-- Qui etait la premiere deja?
Malicorne sentit le rouge lui monter au visage.
-- Une charmante fille d'honneur, se hata-t-il de repondre,
Mlle de Montalais.
-- Ah! ah! vous la connaissez, monsieur?
-- Oui, c'est ma fiancee, ou a peu pres.
-- C'est autre chose, alors... Mille compliments! s'ecria
de Guiche, sur les levres duquel voltigeait deja une plaisanterie
de courtisan, et que ce titre de fiancee donne par Malicorne a
Mlle de Montalais rappela au respect des femmes.
-- Et le second brevet, pour qui est-ce? demanda de Guiche. Est-ce
pour la fiancee de Manicamp?... En ce cas, je la plains. Pauvre
fille! elle aura pour mari un mechant sujet.
-- Non, monsieur
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