ebout entre deux terrains vagues, niches crasseuses ou habite une
foule d'etres guenilleux et miserables.
Le docteur, cramponne a la rampe, tige de bois tournante ou la main
restait collee, soutint jusqu'au quatrieme etage le vieil homme
etourdi qui reprenait des forces.
La porte a laquelle ils avaient frappe s'ouvrit et une femme apparut,
vieille aussi, propre, avec un bonnet de nuit bien blanc encadrant une
tete osseuse, aux traits accentues, une de ces grosses tetes bonnes et
rudes des femmes d'ouvrier laborieuses et fideles. Elle s'ecria:
--Mon Dieu! qu'est-ce qu'il a eu?
Lorsque la chose eut ete dite en vingt paroles, elle se rassura, et
rassura le medecin lui-meme, en lui racontant que, souvent deja,
pareille aventure etait arrivee.
--Faut le coucher, monsieur, rien autre chose, il dormira, et d'main
n'y paraitra plus.
Le docteur reprit:
--Mais c'est a peine s'il peut parler.
--Oh! c'est rien, un peu d'boisson, pas autre chose. Il n'a pas dine
pour etre souple, et puis il a bu deux vertes, pour se donner de
l'agitation. La verte, voyez-vous, ca lui r'fait des jambes, mais ca
lui coupe les idees et les paroles. Ca n'est plus de son age de danser
comme il fait. Non, vrai, c'est a desesperer qu'il ait jamais une
raison!
Le medecin, surpris, insista.
--Mais pourquoi danse-t-il d'une pareille facon, vieux comme il est?
Elle haussa les epaules, devenue rouge sous la colere qui l'excitait
peu a peu.
--Ah! oui, pourquoi! Parlons-en, pour qu'on le croie jeune sous son
masque, pour que les femmes le prennent encore pour un godelureau et
lui disent des cochonneries dans l'oreille, pour se frotter a leur
peau, a toutes leurs sales peaux avec leurs odeurs et leurs poudres et
leurs pommades ... Ah! c'est du propre! Allez, j'en ai eu une vie,
moi, monsieur, depuis quarante ans que cela dure ... Mais faut le
coucher d'abord pour qu'il ne prenne pas mal. Ca ne vous ferait-il
rien de m'aider. Quand il est comme ca, je n'en finis pas, toute
seule.
Le vieux etait assis sur son lit, l'air ivre, ses longs cheveux blancs
tombes sur le visage.
Sa compagne le regardait avec des yeux attendris et furieux. Elle
reprit:
--Regardez s'il n'a pas une belle tete pour son age; et faut qu'il se
deguise en polisson pour qu'on le croie jeune. Si c'est pas une pitie!
Vrai, qu'il a une belle tete, monsieur? Attendez, j'vais vous la
montrer avant de le coucher.
Elle alla vers une table qui portait la cuvette, le p
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