m'attendait.
--Eh bien! monsieur, me dit-il en m'apercevant. On n'a pas trouve
votre homme. Mes agents n'ont pu mettre la main dessus.
Ah! Je me sentis defaillir.
--Mais ... Vous avez bien trouve sa maison? demandai-je.
--Parfaitement. Elle va meme etre surveillee et gardee jusqu'a son
retour. Quant a lui, disparu.
--Disparu?
--Disparu. Il passe ordinairement ses soirees chez sa voisine, une
brocanteuse aussi, une drole de sorciere, la veuve Bidoin. Elle ne l'a
pas vu ce soir et ne peut donner sur lui aucun renseignement. Il faut
attendre demain.
Je m'en allai. Ah! que les rues de Rouen me semblerent sinistres,
troublantes, hantees.
Je dormis si mal, avec des cauchemars a chaque bout de sommeil.
Comme je ne voulais pas paraitre trop inquiet ou presse, j'attendis
dix heures, le lendemain, pour me rendre a la police.
Le marchand n'avait pas reparu. Son magasin demeurait ferme.
Le commissaire me dit:
--J'ai fait toutes les demarches necessaires. Le parquet est au
courant de la chose; nous allons aller ensemble a cette boutique et la
faire ouvrir, vous m'indiquerez tout ce qui est a vous.
Un coupe nous emporta. Des agents stationnaient, avec un serrurier,
devant la porte de la boutique, qui fut ouverte.
Je n'apercus, en entrant, ni mon armoire, ni mes fauteuils, ni mes
tables, ni rien, rien, de ce qui avait meuble ma maison, mais rien,
alors que la veille au soir je ne pouvais faire un pas sans rencontrer
un de mes objets.
Le commissaire central, surpris, me regarda d'abord avec mefiance.
--Mon Dieu, monsieur, lui dis-je, la disparition de ces meubles
coincide etrangement avec celle du marchand.
Il sourit:
--C'est vrai! Vous avez eu tort d'acheter et de payer des bibelots a
vous, hier. Cela lui a donne l'eveil.
Je repris:
--Ce qui me parait incomprehensible, c'est que toutes les places
occupees par mes meubles sont maintenant remplies par d'autres.
--Oh! repondit le commissaire, il a eu toute la nuit, et des complices
sans doute. Cette maison doit communiquer avec les voisines. Ne
craignez rien, monsieur, je vais m'occuper tres activement de cette
affaire. Le brigand ne nous echappera pas longtemps puisque nous
gardons la taniere.
* * * * *
Ah! mon coeur, mon coeur, mon pauvre coeur, comme il battait!
* * * * *
Je demeurai quinze jours a Rouen. L'homme ne revint pas. Parbleu!
parbleu! Cet homme-la qui es
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