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ute galerie de verre, je passe d'abord entre deux foules de corolles fermees, entr'ouvertes ou epanouies qui vont en pente de la terre au toit. C'est le premier baiser qu'elles m'envoient. Celles-la, ces fleurs-la, celles qui parent ce vestibule de mes passions mysterieuses sont mes servantes et non mes favorites. Elles me saluent au passage de leur eclat changeant et de leurs fraiches exhalaisons. Elles sont mignonnes, coquettes, etagees sur huit rangs a droite et sur huit rangs a gauche, et si pressees qu'elles ont l'air de deux jardins venant jusqu'a mes pieds. Mon coeur palpite, mon oeil s'allume a les voir, mon sang s'agite dans mes veines, mon ame s'exalte, et mes mains deja fremissent du desir de les toucher. Je passe. Trois portes sont fermees au fond de cette haute galerie. Je peux choisir. J'ai trois harems. Mais j'entre le plus souvent chez les orchidees, mes endormeuses preferees. Leur chambre est basse, etouffante. L'air humide et chaud rend moite la peau, fait haleter la gorge et trembler les doigts. Elles viennent, ces filles etranges, de pays marecageux, brulants et malsains. Elles sont attirantes comme des sirenes, mortelles comme des poisons, admirablement bizarres, enervantes, effrayantes. En voici qui semblent des papillons avec des ailes enormes, des pattes minces, des yeux! Car elles ont des yeux! Elles me regardent, elles me voient, etres prodigieux, invraisemblables, fees, filles de la terre sacree, de l'air impalpable et de la chaude lumiere, cette mere du monde. Oui, elles ont des ailes, et des yeux et des nuances qu'aucun peintre n'imite, tous les charmes, toutes les graces, toutes les formes qu'on peut rever. Leur flanc se creuse, odorant et transparent, ouvert pour l'amour et plus tentant que toute la chair des femmes. Les inimaginables dessins de leurs petits corps jettent l'ame grisee dans le paradis des images et des voluptes ideales. Elles tremblent sur leurs tiges comme pour s'envoler. Vont-elles s'envoler, venir a moi? Non, c'est mon coeur qui vole au-dessus d'elles comme un male mystique et torture d'amour. Aucune aile de bete ne peut les effleurer. Nous sommes seuls, elles et moi, dans la prison claire que je leur ai construite. Je les regarde et je les contemple, je les admire, je les adore l'une apres l'autre. Comme elles sont grasses, profondes, roses, d'un rose qui mouille les levres de desir! Comme je les aime! Le bord de leur calice est frise, plus pale que leur gor
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