tre fils en secret
contre le gre de ses parents. Peut-etre elle sera riche un jour.
SETTIMIA.
C'est ce qu'il voulut me faire croire lorsqu'il m'annonca ses projets,
et je n'y ai pas apporte d'obstacle; car la faussete n'etait pas
au nombre de ses defauts. Mais je vois bien maintenant que cette
aventuriere l'a entraine dans la voie du mensonge, car rien ne vient a
l'appui de ce qu'il avait annonce; et, quoique je vive depuis longues
annees retiree du monde, il me parait tres-difficile que la societe ait
assez change pour qu'une pareille aventure se passe sans faire aucun
bruit.
FRERE COME.
Il m'a semble souvent qu'elle disait des choses contradictoires. Quand
on lui fait des questions, elle se trouble, se coupe dans ses reponses,
et finit par s'impatienter, en disant qu'elle n'est pas au tribunal de
l'inquisition.
SETTIMIA.
Tout cela finira mal! J'ai eu du malheur toute ma vie, frere Come! Un
epoux imprudent, fantasque (Dieu veuille avoir pitie de son ame!) et qui
m'a ete bien funeste. Il avait bien peu de chose a faire pour rester
dans les bonnes graces de son pere. En flattant un peu son orgueil et
ne le contrecarrant pas a tout propos, il eut pu l'engager a payer ses
dettes et a faire quelque chose pour Astolphe. Mais c'etait un caractere
bouillant et impetueux comme son fils. Il prit a tache de se fermer la
maison paternelle, el nous portons aujourd'hui la peine de sa folie.
FRERE COME, _d'un air cafard et mechant_.
Le cas etait grave... tres-grave!...
SETTIMIA.
De quel cas voulez-vous parler?
FRERE COME.
Ah! votre seigneurie doit savoir a quoi s'en tenir. Pour moi, je ne sais
que ce qu'on m'en a dit. Je n'avais pas alors l'honneur de confesser
votre seigneurie.
_(Il ricane grossierement.)_
SETTIMIA.
Frere Come, vous avez quelquefois une singuliere maniere de plaisanter;
je me vois forcee de vous le dire.
FRERE COME.
Moi, je ne vois pas en quoi la plaisanterie pourrait blesser votre
seigneurie. Le prince Jules fut un grand pecheur, et votre seigneurie
etait la plus belle femme de son temps... on voit bien encore que la
renommee n'a rien exagere a ce sujet; et, quant a la vertu de votre
seigneurie, elle etait ce qu'elle a toujours ete. Cela dut allumer dans
l'ame vindicative du prince un grand ressentiment, et la conduite de
votre beau-pere dut detruire dans l'esprit du comte Octave, votre epoux,
tout respect filial. Quand de tels evenements se passent dans les
familles, et n
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