dans des jours
meilleurs! Tu pleureras durant cette nuit solitaire! Puisse ton bon ange
murmurer a ton oreille que je t'aime toujours!
_(Elle referme la porte de sa chambre et en retire la clef; puis elle
sort par une des portes du salon, pendant qu'Astolphe entre par l'autre
suivi d'Antonio.)_
CINQUIEME PARTIE.
A Rome, derriere le Colisee. Il commence a faire nuit.
SCENE PREMIERE.
GABRIEL, _en homme_.
_(Costume noir elegant et severe, l'epee au cote. Il tient une lettre
ouverte.)_
Le pape m'accorde enfin cette audience, et en secret, comme je la lui
ai demandee! Mon Dieu! protege-moi, et fais qu'Astolphe du moins soit
satisfait de son sort! Je t'abandonne le mien, o Providence, destinee
mysterieuse! _(Six heures sonnent a une eglise.)_ Voici l'heure du
rendez-vous avec le saint-pere. O Dieu! pardonne-moi cette derniere
tromperie. Tu connais la purete de mes intentions. Ma vie est une vie
de mensonge; mais ce n'est pas moi qui l'ai faite ainsi, et mon coeur
cherit la verite!... _(Il agrafe son manteau, enfonce son chapeau sur
ses yeux, et se dirige vers le Colisee. Antonio, qui vient d'en sortir,
lui barre le passage.)_
SCENE II.
GABRIEL, ANTONIO.
ANTONIO, _masque_.
Il y a assez longtemps que je cours apres vous, que je vous cherche
et que je vous guette. Je vous tiens enfin; cette fois, vous ne
m'echapperez pas. _(Gabriel veut passer outre; Antonio l'arrete par le
bras.)_
GABRIEL, _se degageant_.
Laissez-moi, monsieur, je ne suis pas des votres.
ANTONIO, _se demasquant_.
Je suis Antonio, votre serviteur et votre ami. J'ai a vous parler;
veuillez m'entendre.
GABRIEL.
Cela m'est tout a fait impossible. Une affaire pressante me reclame. Je
vous souhaite le bonsoir.
_(Il veut continuer; Antonio l'arrete encore.)_
ANTONIO.
Vous ne me quitterez pas sans me donner un rendez-vous et sans
m'apprendre votre demeure. J'ai eu l'honneur de vous dire que je voulais
vous parler en particulier.
GABRIEL.
Arrive depuis une heure a Rome, j'en repars a l'instant meme. Adieu.
ANTONIO.
Arrive a Rome depuis trois mois, vous ne repartirez pas sans m'avoir
entendu.
GABRIEL.
Veuillez m'excuser; nous n'avons rien de particulier a nous dire, et je
vous repete que je suis presse de vous quitter.
ANTONIO.
J'ai a vous parler d'Astolphe. Vous m'entendrez.
GABRIEL.
Eh bien, dans un autre moment. Cela ne se peut aujourd'hui.
ANTONIO.
Enseignez-moi donc votre dem
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