'elle aura
acceptee en secret.
ASTOLPHE.
Si je croyais pouvoir m'egarer a ce point, je renoncerais sur l'heure a
retrouver Gabrielle, et je me bannirais a jamais de sa presence.
LE PRECEPTEUR.
Songez a le retrouver, pour le soustraire d'abord aux dangers qui le
menacent, et puis vous songerez a l'aimer d'une affection digne de lui
et de vous.
ASTOLPHE.
Vous avez raison, recommencons nos recherches; separons-nous. Tandis
que, dans ce jour de fete, je me melerai a la foule pour tacher d'y
decouvrir ma fugitive, vous, de votre cote, suivez dans l'ombre les
endroits deserts, ou quelquefois les gens qui ont interet a se cacher
oublient un peu leurs precautions, et se promenent en liberte.
Qu'avez-vous la sous votre manteau?
LE PRECEPTEUR, _posant Mosca sur le pave_.
Je me suis fait apporter ce petit chien de Florence. Je compte sur lui
pour retrouver celui que nous cherchons. Gabriel l'a eleve; et cet
animal avait un merveilleux instinct pour le decouvrir lorsque, pour
echapper a mes lecons, l'espiegle allait lire au fond du parc. Si Mosca
peut rencontrer sa trace, je suis bien sur qu'il ne la perdra plus.
Tenez, il flaire... il va de ce cote... _(Montrant le Colisee.)_ Je le
suis. Il n'est pas necessaire d'etre aveugle pour se faire conduire par
un chien. _(Ils se separent.)_
SCENE IV.
Devant un cabaret. Onze heures du soir. Des tables sont dressees sous
une tente decoree de guirlandes de feuillages et de lanternes de papier
colorie. On voit passer des groupes de masques dans la rue, et on entend
de temps a autre le son des instruments.
ASTOLPHE, _en domino bleu_; FAUSTINA, _en domino rose_.
_(Ils sont assis a une petite table et prennent des sorbets. Leurs
masques sont poses sur la table.)_
UN PERSONNAGE, _en domino noir, et masque_.
_(Il est assis a quelque distance a une autre table, et lit un papier.)_
FAUSTINA, _a Astolphe_.
Si ta conservation est toujours aussi enjouee, j'en aurai bientot assez,
je t'en avertis.
ASTOLPHE.
Reste, j'ai a te parler encore.
FAUSTINA.
Depuis quand suis-je a tes ordres? Sois aux miens si tu veux tirer de
moi un seul mot.
ASTOLPHE.
Tu ne veux pas me dire ce qu'Antonio est venu faire a Rome. C'est que tu
ne le sais pas; car tu aimes assez a medire pour ne pas te faire prier
si tu savais quelque chose.
FAUSTINA.
S'il faut en croire Antonio, ce que je sais t'interesse
tres-particulierement.
ASTOLPHE.
Mille demons! tu parleras, se
|