rpent que tu es! _(Il lui prend
convulsivement le bras.)_
FAUSTINA.
Je te prie de ne pas chiffonner mes manchettes. Elles sont du point le
plus beau. Ah! tout inconstant qu'il est, Antonio est encore l'amant
le plus magnifique que j'aie eu, et ce n'est pas toi qui me ferais un
pareil cadeau. _(Le domino noir commence a ecouter.)_
ASTOLPHE, _lui passant un bras autour de la taille._
Ma petite Faustina, si tu veux parler, je t'en donnerai une robe tout
entiere; et, comme tu es toujours jolie comme un ange, cela te siera a
merveille.
FAUSTINA.
Et avec quoi m'acheteras-tu cette belle robe? Avec l'argent de ton
cousin? _(Astolphe frappe du poing sur la table.)_ Sais-tu que c'est
bien commode d'avoir un petit cousin riche a exploiter?
ASTOLPHE.
Tais-toi, rebut des hommes, et va-t'en! tu me fais horreur!
FAUSTINA.
Tu m'injuries? Bon! tu ne sauras rien, et j'allais tout te dire.
ASTOLPHE.
Voyons, a quel prix mets-tu ta delation? _(Il tire une bourse et la pose
sur la table.)_
FAUSTINA.
Combien y a-t-il dans la bourse?
ASTOLPHE.
Deux cents louis... Mais si ce n'est pas assez... _(Un mendiant se
presente.)_
FAUSTINA.
Puisque tu es si genereux, permets-moi de faire une bonne action a tes
depens! _(Elle jette la bourse au mendiant.)_
ASTOLPHE.
Puisque tu meprises tant cette somme, garde donc ton secret! Je ne suis
pas assez riche pour le payer.
FAUSTINA.
Tu es donc encore une fois ruine, mon pauvre Astolphe? Eh bien! moi,
j'ai fait fortune. Tiens! _(Elle tire une bourse de sa poche.)_
Je veux te restituer tes deux cents louis. J'ai eu tort de les jeter aux
pauvres. Laisse-moi prendre sur moi cette oeuvre de charite; cela me
portera bonheur, et me ramenera peut-etre mon infidele.
ASTOLPHE, _repoussant la bourse avec horreur_.
C'est donc pour une femme qu'il est ici? Tu en es certaine?
FAUSTINA.
Beaucoup trop certaine!
ASTOLPHE.
Et tu la connais, peut-etre?
FAUSTINA.
Ah! voila le hic! Fais apporter d'autres sorbets, si toutefois il te
reste de quoi les payer. _(A un signe d'Astolphe on apporte un plateau
avec des glaces et des liqueurs.)_
ASTOLPHE.
J'ai encore de quoi payer tes revelations, dusse-je vendre mon corps
aux carabins; parle... _(Il se verse des liqueurs et boit avec
preoccupation.)_
FAUSTINA.
Vendre ton corps pour un secret? Eh bien, soit: l'idee est charmante: je
ne veux de toi qu'une nuit d'amour. Cela t'etonne? Tiens, Astolphe,
je
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