sse, on vit un joli garcon bien constitue,
quoique delicat et svelte comme son pere, mais frais comme une rose,
allegre, hardi, assez mauvais sujet, courant un peu le guilledou, et
meme avec Astolphe, qui s'etait lie avec lui d'amitie, et qui ne le
conduisait pas trop maladroitement a encourir la disgrace du grand-pere.
_(Settimia fait un geste d'etonnement.)_ Oh! nous n'avons pas su tout
cela. Astolphe a eu le bon esprit de n'en rien dire, ce qui ferait
croire qu'il n'est pas si fou qu'on le croit.
SETTIMIA, _avec fierte_.
Frere Come, Astolphe n'aurait pas fait un pareil calcul! Astolphe est la
franchise meme.
FRERE COME.
Cependant son mariage vous laisse bien des doutes sur sa veracite. Mais
passons.
SETTIMIA.
Oui, oui, racontez-moi ce que vous savez. Qui donc vous a dit tout cela?
FRERE COME.
Un des freres de notre couvent, qui arrive de Toscane, et avec qui j'ai
cause ce matin.
SETTIMIA.
Voyez un peu! Et nous ne savons rien ici de ce qui se passe, nous
autres! Eh bien?
FRERE COME.
Le jeune prince, ayant donc fait grand train dans la ville, disparut une
belle nuit. Les uns disent qu'il a enleve une femme; d'autres, qu'il a
ete enleve lui-meme par ordre de son grand-pere, et mis sous clef dans
quelque chateau, en attendant qu'il se corrige de son penchant a la
debauche; d'autres enfin pensent que, dans quelque tripot, il aura recu
une estocade qui l'aura envoye _ad patres_, et que le vieux Jules cache
sa mort pour ne pas vous rejouir trop tot et pour retarder autant que
possible le triomphe de la branche cadette. Voila ce qu'on m'a dit; mais
n'y ajoutez pas trop de foi, car tout cela peut etre errone.
SETTIMIA.
Mais il peut y avoir du vrai dans tout cela, et il faut absolument le
savoir. Ah! mon Dieu! et Astolphe qui ne se remue pas!... Il faut qu'il
parte a l'instant pour Florence.
[Illustration: Et alors ce fat d'Antonio est venu avec son oeil avine...
(Page 20.)]
SCENE II.
ASTOLPHE, LES PRECEDENTS.
FRERE COME.
Justement, vous arrivez bien a propos; nous parlions de vous.
ASTOLPHE, _seulement_.
Je vous en suis grandement oblige. Ma mere, comment vous portez-vous
aujourd'hui?
SETTIMIA.
Ah! mon fils! je me sens ranimee, et, si je pouvais croire a ce qui a
ete rapporte au frere Come, je serais guerie pour toujours.
ASTOLPHE.
Le frere Come peut etre un grand medecin; mais je l'engagerai a se meler
fort peu de notre sante a tous, de nos affaires encore mo
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