ins.
FRERE COME.
Je ne comprends pas...
ASTOLPHE.
Bien. Je me ferai comprendre; mais pas ici.
SETTIMIA, _toute preoccupee et sans faire attention a ce que dit
Astolphe_.
Astolphe, ecoute donc! Il dit que l'heritier de la branche ainee a
disparu, et qu'on le croit mort.
ASTOLPHE.
Cela est faux; il est en Angleterre, ou il acheve son education. J'ai
recu une lettre de lui dernierement.
SETTIMIA, _avec abattement_.
En verite?
BARBE.
Helas!
FRERE COME.
Adieu tous nos reves!
ASTOLPHE.
Pieux sentiments! charitable oraison funebre! Ma mere, si c'est la la
piete chretienne comme l'enseigne le frere Come, vous me permettrez de
faire schisme! Mon cousin est un charmant garcon, plein d'esprit et
de coeur. Il m'a rendu des services; je l'estime, je l'aime; et, s'il
venait a mourir, personne ne le regretterait plus profondement que moi.
FRERE COME, _d'un air malin_.
Ceci est fort adroit et fort spirituel!
ASTOLPHE.
Gardez vos eloges pour ceux qui en font cas.
SETTIMIA.
Astolphe, est-il possible? Tu etais lie avec ce jeune homme, et tu ne
nous en avais jamais parle?
ASTOLPHE.
Ma mere, ce n'est pas ma faute si je ne puis pas dire toujours ce que je
pense. Vous avez autour de vous des gens qui me forcent a refouler mes
pensees dans mon sein. Mais aujourd'hui je serai tres-franc, et je
commence. Il faut que ce capucin sorte d'ici pour n'y jamais reparaitre.
SETTIMIA.
Bonte du ciel! Qu'entends-je? Mon fils parler de la sorte a mon
confesseur!
ASTOLPHE.
Ce n'est pas a lui que je daigne parler, ma mere, c'est a vous... Je
vous prie de le chasser a l'heure meme.
SETTIMIA.
Jesus, vous l'entendez. Ce fils impie donne des ordres a sa mere!
ASTOLPHE.
Vous avez raison, je ne devais pas m'adresser a vous, Madame. Vous ne
savez pas et ne pouvez pas savoir... ce que je ne veux pas dire. Mais
cet homme me comprend. (_A frere Come._) Or donc, je vous parle, puisque
j'y suis force. Sortez d'ici.
FRERE COME.
Je vois que vous etes dans un acces de demence furieuse. Mon devoir est
de ne pas vous induire au peche en vous resistant.. Je me retire en
toute humilite, et je laisse a Dieu le soin de vous eclairer, au temps
et a l'occasion celui de me disculper de tout ce dont il vous plaira de
m'accuser.
SETTIMIA.
Je ne souffrirai pas que sous mes yeux, dans ma maison, mon confesseur
soit outrage et expulse de la sorte. C'est vous, Astolphe, qui sortirez
de cet apparte
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