quand la malheureuse enfant
Ne pouvant le croire insensible,
Le suppliait en etouffant,
A travers sa paleur mortelle,
Avec ses beaux yeux languissants
Et sa voix aux sons caressants,
De partir encore avec elle:
"--Ma chere, je reflechirai,
Lui dit Patrice, et je verrai
Lorsqu'archeveque je serai."
Devant un semblable langage,
Voyant son bonheur s'ecrouler,
Leone sentit s'en aller
Tout ce qu'elle avait de courage.
Et, par un changement subit,
Grave et muette, elle sortit
L'oeil sombre, la demarche lente;
Si bien qu'en la voyant ainsi
Dechevelee et chancelante,
Son amant, un peu tard, helas!
Lui courut apres dans l'allee.
Mais, l'ayant en vain rappelee,
Pensif, il revint sur ses pas;
Car elle ne l'entendit pas,
Tellement elle etait troublee.
Elle rentra dans son couvent
Par la meme petite porte
Qu'elle avait franchie en revant
Quelques heures auparavant.
Mais la secousse etait trop forte,
Et ses soeurs ne la virent plus;
Car, a l'heure de l'Angelus,
Le soir meme on la trouva morte.
Patrice, en apprenant cela,
Se dit: "Le bonheur etait la!"
Et derechef se desola.
XIII
Quelle apparence recueillie
Offre a l'oeil ce parc tenebreux!
A voir ces vieux troncs vigoureux,
On sent bien la melancolie
D'une antique foret vieillie
Dans le voisinage sacre
D'un vaste et puissant prieure.
Ces bois ont un parfum mystique.
La vieille cloche au bruit d'airain
Y trouve un echo sympathique,
Et, ce lieu desert est empreint
D'une tristesse monastique.
Ces pins droits et silencieux
Disposent a la reverie.
Leur ombrage est sombre et pieux,
Comme pour dire: "Ici l'on prie."
Et les grands tilleuls tortueux
Ont, dans leur air majestueux,
Je ne sais quoi de vertueux,
De respectable et d'immobile
Qui donne a ce sejour tranquille
La solennite des saints lieux.
On dirait des religieux
Revant au neant de la vie.
Ce bois triste et mysterieux,
C'est le jardin de l'abbaye.
Rien n'est change dans le couvent.
Les arbres sont verts comme avant,
Et les nonnes du monastere,
Ainsi qu'autrefois, vers le soir,
Viennent promener et s'asseoir
Sous leur ombrage solitaire.
Pourtant, derriere ce decor,
Est un jardin plus sombre encor,
Ou jamais la fraiche eglantine
N'accroche, le long des sentiers,
Aux branches des verts noisetiers
Sa tige odorante et mutine.
La
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