oir voulu tracer une de ces legendes qui n'ont de
valeur que lorsqu'elles se trouvent placees au-dessous d'un dessin de
Gavarni ou de Daumier.
Si donc nous nous decidons a publier quelques-unes de ces _Notes au
crayon_, ce n'est pas que nous ayons la faiblesse de leur attribuer
une valeur morale ou philosophique; nous les publions parce qu'elles
revelent, mieux peut-etre que tout ce qui precede, le tour d'esprit,
l'originalite de cet ete charmant qui a ete et qui a emporte la
meilleure part de notre vie.
Nous prions nos amis de ne voir la aucune pretention puerile: nous n'en
avons d'autre, en verite, que celle de conserver quelques traits d'une
physionomie delicate et fine, d'un talent qui n'a pas eu le temps de
tenir ses promesses.
Nous avons dit que ces _Notes_ revelaient le tour d'esprit de Prosper.
Elles ont peut-etre un autre merite--si merite il y a:--c'est qu'elles
revelent et prennent, en quelque sorte, sur le fait--bien a l'insu de
leur auteur!--quelques traits aussi de l'esprit, des tendances, des
deceptions, des tristesses du temps present.
Il n'est pas, pour l'historien, de documents insignifiants: le moindre
detail peut lui servir a expliquer, a reconstruire meme certains aspects
d'une societe disparue.
Qui sait si un exemplaire de cet humble livre--conserve par hasard,--qui
sait si ces _Notes_, que notre bien-aime poete ecrivait pour lui seul,
n'aideront pas un jour quelque Oedipe de l'avenir a dechiffrer moins
difficilement l'enigme que prepare le Sphinx contemporain?
Puisse cette explication faire comprendre a nos amis le motif qui nous a
decide a conserver quelques-unes de ces _Notes au crayon_!
L.J.
I
EN MARGE D'UN CAHIER
Dans une cuisine de campagne, sur la table en bois blanc, les mouches
serrees les unes contre les autres dans les endroits ou donne le
soleil....
* * * * *
Sous les arbres, le soir, avant le coucher du soleil, les moucherons
voltigent en un seul essaim dans la clarte d'un rayon.
* * * * *
Le vent peut deraciner un chene; mais il passe au travers d'une toile
d'araignee sans pouvoir l'emporter.
* * * * *
Ses petits pieds chuchotaient sur le parquet....
* * * * *
... Balafrer l'ame....
* * * * *
On dit: le parfum de la rose et l'odeur du chou.
* * * *
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