lle en sursaut sur cette terre en pleur;
Et, la, desespere, pleurant sur sa chimere,
Sombre et suivant des yeux son reve qui s'enfuit,
Chante au sein de la nuit, d'une voix triste et claire,
Un chant plein de sanglots perdu dans le mystere,
Et tel que le passant qui rentre apres minuit,
Se sentant frissonner, murmure une priere,
Et croit entendre encor dans le soir solitaire
Comme une etrange voix dont l'echo le poursuit.
Plus doux fut le bonheur, plus l'ombre en est amere!
Plus le jour fut ardent, plus profonde est la nuit!
La lune brille au ciel d'un eclat funeraire.
Et quand le malheureux contemple sa misere,
Il n'en peut comparer l'immensite sur terre
Qu'a l'infini perdu qui se ferme sur lui!
A MADAME GEORGE SAND
_Ce livre est mon premier coup d'aile.
Il est signe d'un nom d'enfant;
Mais l'enfance a cela pour elle
Quelle est faible et qu'on la defend.
Vous le savez mieux que personne,
Reine au front de musc, abrite
Par une immortelle couronne,
Qui pourtant m'avez adopte.
Vous la gloire, vous le genie,
Vous oubliez votre moisson
Precieuse et du ciel benie,
Pour mieux sourire a ma chanson!
Vous trouvez en ce temps morose
Un plaisir magnifique et doux
A faire de rien quelque chose:
Mais qui le peut, si ce n'est vous?
Sur sa route, quand on est reine,
On donne a des bohemiens,
Et l'on peut etre la marraine
De mechants vers comme les miens.
C'est le droit du rayon superbe,
Lorsqu'il embrase la foret,
De dorer aussi le brin d'herbe
Que tout passant dedaignerait.
Il enflamme, il eclaire ensemble
Tout un monde horrible ou charmant,
Et de la goutte d'eau qui tremble
Fait l'egale du diamant._
Nohant, Juillet 1862.
NOTES AU CRAYON
La lettre qui sert d'introduction a ce recueil posthume indique assez le
sentiment qui nous fait le livrer a l'impression.
Mais les personnes amies auxquelles ce livre est destine ne
s'expliqueraient peut-etre pas la publication des boutades tristes ou
railleuses, des reflexions decousues qui vont suivre, si nous ne leur
disions les motifs qui nous ont porte a ne pas les eloigner de ce
recueil.
Ces _Notes_ etaient jetees au crayon sur un cahier ou Prosper ecrivait,
de temps a autre, dans une forme sommaire et imparfaite, les fantaisies,
les repliques, les oppositions de mots, les bizarreries qui se
presentaient a son esprit.
Souvent il semble av
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