vide autour de moi,
Et leurs plaintes menacantes
Font un choeur
Qui me dechire le coeur.
On dirait des funerailles
Dont le bruit,
Qui vient traverser la nuit
Semble sortir des entrailles
D'un enfer
Qui se serait entr'ouvert.
C'est comme un chant monotone
Que les morts
Viennent chanter sur leurs corps,
Ou le glas lointain qui sonne,
Desole,
De quelque monde ecroule.
Mont-Riant, Fevrier 1864.
A MA MERE MALADE
Ces trois fleurs, ma pauvre mere,
Font un bouquet bien petit;
Mais au Christ, que ta main chere
A pendu pres de ton lit,
Leur nombre est une priere.
Il commence par la Foi
Et finit par l'Esperance;
Ainsi, nous prions pour toi,
Tous les trois d'intelligence:
Mon pere, mon frere et moi.
Triste ou gai, le temps s'efface,
La neige s'evanouit
Au premier soleil qui passe.
Pour nos peines, vienne ainsi
Quelque beau jour qui les chasse.
Mont-Riant, 5 Fevrier 1861, jour de Sainte-Agathe.
L'OUBLI
Ce chercheur d'oubli
S'exprimait ainsi:
J'eprouve un souci
Rien inexplicable:
Je cherche en vain si,
Dans ce monde-ci,
Le plus desirable
Des biens que Dieu fit,
C'est de boire a table
Ou dormir au lit.
Quand je bois, j'oublie
Jusqu'a ma folie,
Et je suis heureux;
Quand je dors, l'envie
De boire est partie
Et je perds la vie
En fermant les yeux.
O fievre bizarre!
Fou raisonnement!
Dans ce double aimant,
Mon esprit s'egare
Regulierement;
Et, je le declare,
Je ne sais vraiment
Si c'est en buvant
Ou bien en dormant
Que l'oubli s'empare
De moi plus gaiment.
Et, plus je compare,
Plus, a tout moment,
Ma raison s'effare
A chercher comment
Ce doute charmant
Peut m'etre un tourment.
Le sommeil, c'est l'ange
Qui veille sur moi:
Le sommeil me venge
De n'etre ni roi,
Ni pape et, ma foi!
De n'etre que moi.
Quand je bois, tout change
Si je veux, je crois
Etre agent de change.
Dans ce que je vois,
Tout va, tout m'arrange;
Tout ce que je bois
M'est d'un charme etrange.
Le vin, c'est l'oubli,
Mais, je le confesse,
Le sommeil aussi.
L'un est la paresse
Et l'autre l'ivresse.
Leur double caresse
Est enchanteresse,
Et dans ma detresse,
Je flotte en esprit
De la table au lit.
Et rien ne peut faire
Que, pour en finir,
Des biens de la terre,
Malgre
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