perse
Perce
L'aloes en fleurs;
La ronce jumelle
Mele
Ses piquants aux leurs.
Bien que leur ensemble
Semble
Au hasard eclos,
Leur triple ramure
Mure
De pauvres enclos.
L'Arabe en maraude
Rode
Dans les alentours,
Et suit de malignes
Lignes,
Pleines de detours.
Sa marche est coulante,
Lente,
Et ne s'entend pas.
Et le sinistre etre,
Traitre,
Guette a chaque pas,
Afin qu'il evite
Vite
L'oeil du gabelou,
Et, dans la broussaille,
S'aille
Cacher comme un loup.
La lune d'opale,
Pale
Dans les bleus sillons,
Inonde la plaine,
Pleine
De pales rayons.
O lune blafarde,
Farde
Ton visage blanc;
Tache que ta face
Fasse
Un oeil moins tremblant!
Ton air morne et grave
Grave
Au fond de mon coeur
Ton grand trou livide,
Vide,
Au reflet moqueur.
Pauvre astre impassible!
Cible
De tant de rimeurs!
Est-ce de ce qu'on te
Conte,
Lune, que tu meurs?
Leur lyre enervante
Vante
Ton disque jauni.
Toi qui vois leur tache,
Tache
Que ce soit fini.
D'une voix emue,
Mue
Par un faux _humour_,
Est-ce toi qu'un homme
Nomme
L'astre de l'amour?
Ta mechante corne,
Qu'orne
Ta jaune couleur,
Est plutot l'embleme
Bleme
Qui porte malheur.
Ta prunelle eteinte,
Teinte
D'un morose eclair,
Semble une lanterne
Terne
Pendue au ciel clair.
Quand la Nuit, sereine
Reine,
Tient l'homme abattu,
Vers la solitaire
Terre
Que regardes-tu?
La lumiere adverse
Verse
Des rayons hagards.
Lune, que t'importe?
Porte
Ailleurs tes regards.
Va, pale inconnue,
Nue,
Glisse au sein des nuits,
Laisse notre immonde
Monde
Tout charge d'ennuis.
Glisse dans l'espace.
Passe.
Et, bouche sans voix,
Sache avec mystere
Taire
Tout, ce que tu vois.
Paris, Mars 1866.
MANDOLINE
J'ai pour unique amante
Une fille charmante,
A l'oeil profond et doux
Comme un ciel andalous.
--Quelque ennui me tourmente.
Son tuteur subroge
N'a, certes, pas songe
Que je pourrais peut-etre
Entrer par la fenetre.
--Je ne sais ce que j'ai.
C'est un moyen pratique,
Tres-vieux, mais poetique
Et qui, pour nos amours,
Nous est d'un grand secours.
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