rnes fetes,
S'enfuir au souffle des tempetes
Un troupeau sinistre et maudit.
Je me berce a vos cris de rage,
O flots tumultueux et fiers;
Soit que vous alliez sur la plage
Rejaillir en flocons amers,
Ou sur des rocs noirs et deserts
Vous briser loin de tout rivage.
Pleure sur les ecueils, o flot!
Ta souffrance est le seul echo
Dont le cri reponde a la mienne.
Ton chant me berce dans ma peine
Et mon ame en desordre est pleine
De ton tumultueux sanglot.
Ta voix est d'autant plus puissante,
Ta colere, plus menacante,
Et ton cri, plus terrible encor
Qu'il meurt de son supreme effort:
Et ta vague, qui se lamente,
Jette, en pleurant, son cri de mort.
Mer, ta grandeur est eternelle,
Mais ton flot meurt quand il gemit.
Tel mon coeur tremblant, qui fremit
Avec une angoisse mortelle
Mourra, comme ce flot rebelle,
Du cri qu'il jette dans sa nuit.
L'ESPERANCE.
Arrete, o toi qui, dans la nuit profonde,
Remplis l'echo du chant de tes douleurs!
Pour tant souffrir, es-tu donc seul au monde?
Verse en mon sein la peine qui t'inonde:
Je t'ai compris et j'accours a tes pleurs.
Enfant, dis-moi le mal qui te dechire.
Il n'en est pas sans doute qui soit pire,
Car, a travers tes pleurs et ton delire,
Tu blasphemais et tu parlais de mort.
Je viens a toi. Courage, o mon poete!
Ne vois-tu pas, la-bas, cette mouette?
Son aile est blanche et joyeux son essor.
Ne vois-tu pas cette etoile nacree
Qui fend la nue a peine dechiree,
Et cette voile, un instant eclairee,
Qui fuit, s'abaisse et reparait encor?
LE POETE.
L'etoile a disparu. La mouette effaree
S'est enfuie en poussant de lamentables cris.
Le vaisseau s'est perdu dans l'obscure nuee:
Je crois qu'il a sombre, car ma vue egaree,
Aux lueurs des eclairs, sur l'onde tourmentee,
Apercoit par moments de sinistres debris.
Qui que tu sois, fantome ou vivant qui m'appelles!
Ta voix est douce et grave, et mon coeur te benit.
Mais il est des douleurs profondes et cruelles,
Qui ne guerissent plus au contact d'un ami.
Que viens-tu faire ici, par cette nuit obscure?
Si c'est pour moi, retourne et fuis-moi desormais.
J'aurais voulu t'aimer, car ta parole est pure:
Mais je garde en mon coeur une telle blessure,
Que, jusque dans la mort, le mal qui me torture
Fera saigner mon ame et ne mourra jamais.
L'ESPERANCE.
Il n'est point de souffrance au
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