ison?
D'ou vient, j'ose a peine le dire,
Que je me suis, seul dans les bois,
Surpris quatre fois a sourire
Quand je pleurais tout a la fois?
Est-ce l'amour? Sans m'y connaitre,
Je le crois quand je pense a vous.
Mais, non; l'amour ne doit pas etre
Si cruel, helas, ni si doux!
1856.
L'AUTOMNE
Septembre finissait: deja le vent d'automne
Du printemps, dans les bois, effeuillait la couronne.
Les monts, dores encor des reflets du soleil,
Se mouraient sous ses feux. Chaque arbre a son reveil,
Voyait le sol jonche de ses feuilles fletries,
Brillantes de rosee et par le froid meurtries.
Comme un rideau de gaze, une faible vapeur
Jetait sur la vallee un voile de langueur;
De quelques pauvres toits, en spirale dormante,
S'elevait lentement une trace fumante,
Tandis que le soleil, a l'horizon lointain,
Rougissait les coteaux d'un rayon incertain.
En longs fremissements les brises murmurantes
De l'automne apportaient les senteurs enivrantes
Et soupiraient ces chants qui font rever d'amour,
Errants dans les echos sur le soir d'un beau jour.
Et la nature alors chantait comme en un reve
Le silence et l'amour, l'ombre et tout ce qui reve,
Puis semblait, languissante ainsi que la beaute,
Mourir dans sa splendeur et sa serenite.
Octobre 1857.
MA FOLIE
Moi, j'ai fait ma folie
D'une fille aux yeux bleus.
Le moindre de ses voeux
Dispose de ma vie.
Et jusqu'a son depit,
Jusques a ses pleurs meme,
Tout en elle je l'aime,
Et pourtant elle en rit.
Et pourtant, si ma bouche
S'egare sur sou cou,
Elle m'appelle fou,
La folle, et s'effarouche.
Et je suis furieux!
Car elle est si jolie
Que j'aime a la folie
Cette fille aux yeux bleus.
Paris, Mai 1858.
A MARIE
En promenant, vous souvient-il, Marie,
Vous me donniez votre petit bras blanc
Que je serrais parfois, tout en causant?
Vous palissiez malgre vous, ma cherie,
Et votre voix tremblait en me parlant.
Je vous aimais, Mariette, et pourtant
N'en disais rien, mais je mourais d'envie
De vous conter mon secret, par moment,
En promenant.
Mais vous partez; quand on part, on oublie.
Vous allez donc vous marier, vraiment?
Parfois, la-bas, si votre coeur s'ennuie,
--Vos grands yeux bleus sont si doux en revant!--
Songez a moi du fond de l'Algerie,
En promenant.
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