et le front blemi,
La pauvre fille n'eut pas meme
La consolation supreme
De reconnaitre son ami.
C'est en vain qu'on chercha Patrice;
La mer avait du l'engloutir,
Car on ne put rien decouvrir
Qui de sa mort fut un indice.
Leone le pleura tres-fort.
Je crois pourtant qu'on aurait tort
De parier qu'elle etait veuve;
Et moi, si j'etais esprit fort,
Je ne croirais Patrice mort
Que lorsque j'en aurais la preuve.
Quoi qu'il en soit, a qui voudra,
Le suivant chapitre apprendra
Ce que tout ceci deviendra.
VIII
N'est-ce pas un spectacle etrange
De voir deux pauvres amoureux
Qui, lorsque pour eux tout s'arrange,
Et des qu'ils devraient etre heureux,
Se vont justement mettre en tete
Qu'ils sont separes par la mort,
Et se bornent, sans plus d'enquete,
A maudire leur triste sort?
La chose parait incroyable;
Pourtant, vous l'avez devine,
C'est la l'histoire lamentable
De notre couple infortune:
A dire la verite pure,
Le heros de cette aventure
N'etait pas mort dans les flots bleus,
Ainsi que l'on se le figure;
Mais il n'en valait guere mieux.
Tandis que Leone est au cloitre,
Ou sa douleur ne fait que croitre
Et embellir, en quelques mots
Je vais vous dire tous les maux
Que dut endurer le jeune homme
En trois mois d'un supplice affreux,
Et par ainsi vous verrez comme
Les voyages sont dangereux.
Durant la nuit de ce naufrage
Ou presque tous avaient peri,
Comme Leone et son ami
Tachaient de gagner le rivage
Et se dirigeaient a la nage
Par un chemin fort encombre
Et surtout fort mal eclaire,
On se souvient, sans aucun doute,
Que Patrice fit fausse route.
Il s'etait bientot egare;
Si bien qu'au lever de l'aurore
Le malheureux, n'en pouvant plus,
Moitie mourant, moitie perclus,
A peine respirant encore,
Et sur le point de se noyer,
Fut recueilli, sans connaissance,
Par un pauvre petit voilier
Qui longeait les cotes de France.
O douloureux rapprochement!
Cela se passait justement
A l'heure ou, loin de son amant,
La belle, ignorant son tourment,
Dejeunait si mignonnement.
Le jeune homme, en cette detresse,
N'en fut point, comme sa maitresse,
Quitte pour la peur; car il fit
Une terrible maladie
Qui pensa lui couter la vie
Et le retint trois mois au lit.
Sur ce brave petit navire
Il fut soigne, tant bien que mal,
Du mieux qu'on put. Le prin
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