int sous de vives couleurs cette
vie en partie double, vie reelle et vie d'artiste melangees, en la
transfigurant sur une plus grande scene, dans une de ses plus
interessantes nouvelles. Le fond est tout a fait le meme. C'est "une
sorte de mystere, qui resultait naturellement du vacarme prolonge assez
avant dans les nuits, au milieu de la campagne, lorsque la neige ou le
brouillard enveloppaient la maison, et que les serviteurs memes,
n'aidant ni aux changements de decor ni aux soupers, quittaient de bonne
heure le logis; le tonnerre, les coups de pistolet, les roulements de
tambour, les cris du drame et la musique du ballet, tout cela avait
quelque chose de fantastique, et les rares passants qui en saisirent de
loin quelque chose n'hesiterent pas a nous croire fous ou ensorceles."
C'est bien la le point de depart de cet ingenieux et charmant recit qui
servit de theme a l'analyse de quelques idees d'art et ou il n'est pas
difficile de reconnaitre dans _le Chateau des Desertes_ une sorte de
Nohant idealise, de meme que dans Celio et dans Stella les enfants de
celle qui avait retrace avec complaisance quelques-uns de ses propres
traits dans la touchante image de Lucrezia Floriani. C'est ainsi que,
sous sa main habile, la realite devenait de l'art et souvent du grand
art. Dans un autre roman, _l'Homme de neige_, un des recits les plus
dramatiques de George Sand, il faut remarquer le role considerable que
l'auteur attribue a une representation de marionnettes. C'est un peu la
scene des _comediens_ dans _Hamlet_ qui nous est rendue, avec de plus
petites proportions et sur un plus petit theatre. Mais cette scene est
capitale, comme dans la piece de Shakespeare, et les plus grands
interets, la revelation et le chatiment du crime, soupconne non encore
connu, tout est suspendu a cette representation ou Christian Waldo et
l'avocat Socfle mettent tout leur esprit et toute leur ame a combiner
les jeux de scene et les surprises de la conversation imaginee, d'ou
doit sortir le denouement. Encore un souvenir dramatise du _Theatre de
Nohant_.
Mere de famille devouee, tout entiere a la vie interieure qu'elle cree
autour d'elle, elle aimait qu'on la representat sous cet aspect, et
c'est dans ce sens qu'elle repondait aux questions de M. Louis Ulbach,
qui avait l'intention de faire son portrait dans un journal. Elle
l'assurait que, depuis vingt-cinq annees, sa vie etait bien banale. "Que
voulez-vous, disait-elle, je ne puis me hausser. J
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