de faire des folies et ajoutait qu'au cas de
la plus legere deception dans ses entreprises, il pouvait se trouver dans
les plus graves embarras. Aussi reculait-il devant l'enormite du prix d'un
piano, malgre son envie immoderee d'en avoir un. Max vint a son aide. Il
le mit en rapport avec un facteur qui, a la suite de quelques informations,
consentit a lui livrer un excellent instrument en echange de billets
payables de trimestre en trimestre.
Clement se preoccupa alors d'une maitresse de musique pour Rosalie, et
Destroy pensa naturellement a Mme Thillard. Son intimite avec cette
derniere devenait chaque jour plus etroite; il en etait deja au moins
l'ami le plus aime. Apres s'etre concerte avec elle, il la proposa a
Clement pour donner des lecons a sa femme.
"Ce n'est pas seulement une bonne musicienne, ajouta-t-il, c'est encore
une femme charmante que Rosalie, j'en suis sur, sera bien aise de
connaitre."
Clement fit sur-le-champ une supposition injurieuse a laquelle Max
dedaigna de repondre. Il fut ensuite convenu que la protegee de celui-ci
viendrait deux fois par semaine, le mardi et le vendredi, a raison de cinq
francs le cachet.
Les lecons, au debut, se succederent assez regulierement. Rosalie, sans
avoir de grands moyens, s'appliqua avec fievre a cette etude et y fit des
progres rapides. Malheureusement, l'etat toujours plus chancelant de sa
sante la contraignit bientot de ralentir son zele, et Mme Thillard ne
tarda pas a se trouver frequemment en presence d'une eleve incapable de
l'entendre. Les choses en vinrent a ce point que Clement dit a Max: "Deux
lecons par semaine fatiguent ma femme, elle n'en prendra plus qu'une. Au
lieu de celle du vendredi, si cela te convient, tu apporteras ton violon
et tu feras de la musique avec ton amie. Je donnerai a chacun de vous un
cachet en echange." A cause de la gene dont Clement ne cessait pas de se
plaindre, Destroy n'accepta des honoraires que vaincu par la persistance
opiniatre de Clement et de Rosalie.
Mme Thillard consentit volontiers a ces nouveaux arrangements.
De veritables soirees musicales devaient prochainement resulter de ces
seances intimes.
Mme Thillard n'avait traite directement dans aucune de ces negociations;
Max, son fonde de pouvoirs, l'avait toujours remplacee, et, par le fait de
l'habitude, il ne l'avait encore designee que sous le prenom de _Mme
Henriette_. Un matin, Clement, devant sa femme, dit a Max qui dejeunait
avec eux: "Ah ca! tu
|