tions, ses
caprices. Et nous d'ecrire comme il l'entend; car, apres tout, c'est
son affaire. Nous ne sommes que ses manoeuvres; _ouvrier-journaliste,
garcon-redacteur_, je ne suis pas autre chose pour le moment. Quand je
vois les platitudes que j'ai griffonnees dans vingt paires de mains
qui se les arrachent et sous les yeux de ces benevoles lecteurs dont
le metier est d'etre mystifies, je me prends a rire d'eux et de moi.
Quelquefois je les vois cherchant a deviner des enigmes sans mot et je
les aide a s'embrouiller. J'ai fait hier un article pour _madame
Duvernet_, on dit que c'est pour M. de Quelen [1]. Voyez un peu!
Adieu, mon cher enfant; je vous charge d'embrasser mon frere et _ma
soeur, si elle vous le permet_. Dites a Polyte de m'ecrire un peu plus
souvent. Enfermee au bureau d'esprit de mon _digne_ maitre depuis neuf
heures du matin jusque cinq heures, je n'ai guere le temps d'ecrire,
moi; mais j'aime bien a recevoir des lettres de Nohant. Elles me
reposent le coeur et la tete.
Je vous embrasse et vous aime bien. Dites-moi donc ce que vous faites
faire a Maurice?
J'ai revu Keratry et j'en ai assez. Helas! il ne faut pas voir les
celebrites de trop pres.
_De loin, c'est quelque chose_, etc.
J'aime toujours M. Duris-Dufresne de passion. Je vous dirai que j'ai
vu madame Bertrand a la Chambre des deputes. Elle etait derriere moi
dans la tribune des dames. Je lui ai offert ma place. J'ai ete
honnete, elle a ete gracieuse, et l'histoire finit la.
[1] Archeveque de Paris
LXII
A M. CHARLES DUVERNET, A LA CHATRE
Paris, 6 mars 1831.
Vous etes un _fichu_ paresseux mon cher camarade! Si nous n'etions
d'anciens amis, je me facherais; mais il faut bien vous pardonner, car
on ne refait pas de vieux amis du jour au lendemain. Savez-vous qu'il
se passe de belles choses, ici? C'est vraiment tres drole a voir. La
revolution est en permanence comme la Chambre. Et l'on vit aussi
gaiement, au milieu des baionnettes, des emeutes et des ruines, que si
l'on etait en pleine paix. Moi, ca m'amuse. J'en suis fachee pour ceux
a qui ca deplait; mais nous sommes au monde pour rire ou pour pleurer
de ce que nous voyons faire. Et, bien que je pleure quelquefois tout
comme une autre, pour le plus souvent je ris.
Dites-moi donc, mon camarade, vous avez parfois l'humeur bien noire, a
ce qu'il parait? Le moyen de s'en _dispenser_? Chez moi, la peine ne
creuse guere; chez vous, l'enn
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