l Abercromby, des gardes anglaises, au moment ou sa
troupe mettait bas les armes, s'eloigna rapidement, se couvrant le
visage et mordant son epee.
On se traita de part et d'autre avec la plus grande courtoisie, on se
rendit des visites. Mais au milieu de ces demonstrations de politesse
percait, du cote des vaincus, un sentiment d'amertume qui se
traduisait en paroles satiriques ou dedaigneuses pour les Americains,
auxquels les Anglais ne voulaient pas reconnaitre qu'ils avaient ete
obliges de se rendre. Ainsi les generaux Washington, Rochambeau et
La Fayette, envoyerent chacun un aide de camp complimenter lord
Cornwallis, qui retint celui de La Fayette, le major Washington,
parent du general. Il lui dit qu'il mettait du prix a ce que le
general contre lequel il avait fait cette campagne fut persuade qu'il
ne s'etait rendu que par l'impossibilite de se defendre plus longtemps
[214].
[Note: 214. Lord Cornwallis donna a diner le 21 au duc de Lauzun, qui,
revenant de Glocester, passait au parc; ce general etait assez gai
et on le trouva fort aimable. Le lendemain, le vicomte de Damas alla
l'inviter a diner de la part de M. de Rochambeau. Ce jour-la il parut
plus triste que de coutume. Il n'avait rien a se reprocher, mais se
plaignait de Clinton.]
Le meme general O'Hara: qui voulait rendre son epee a M. de Rochambeau
plutot qu'au general Washington, se trouvant un jour a la table des
generaux francais, fit semblant de ne pas vouloir etre entendu de M.
de La Fayette et dit qu'il s'estimait heureux de n'avoir pas ete pris
par les Americains seuls: "C'est apparemment, lui repliqua aussitot
La Fayette, que le general O'Hara n'aime pas les repetitions." Il
lui rappelait ainsi que les Americains seuls l'avaient deja fait
prisonnier une premiere fois avec Burgoyne. Les Francais seuls le
firent prisonnier quelques annees apres, pour la troisieme fois, a
Toulon.
La garnison prisonniere se montait a 6,198 hommes, plus 1,800 matelots
et 68 hommes pris pendant le siege. Mais il y en avait 4,873 dans les
hopitaux d'York. Ces troupes etaient composees du 1er bataillon
des gardes du roi d'Angleterre, des 17e, 23e 33e et 48e regiments
d'infanterie, des 71e, 76e et 80e regiments des montagnards ecossais,
des regiments hessois du prince hereditaire et de Boos, et des
regiments allemands d'Anspach et de Bayreuth, de la _light infantry_
de la British legion et des _queen's rangers_[215].
[Note 215: Les troupes d'Anspach, deux jours
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