echange! Aussi, je ne suis point effraye de lui voir reprendre la mer!
--Mon bon Penellan, reprit Marie, on est forte quand on aime!
D'ailleurs, j'ai pleine confiance dans l'appui du Ciel. Vous me
comprenez et vous me viendrez en aide!
--Non! disait Penellan. C'est impossible, Marie! Qui sait ou nous
deriverons, et quels maux il nous faudra souffrir! Combien ai-je vu
d'hommes vigoureux laisser leur vie dans ces mers!
--Penellan, reprit la jeune fille, il n'en sera ni plus ni moins, et si
vous me refusez, je croirai que vous ne m'aimez plus!"
Andre Vasling avait compris la resolution de la jeune fille. Il
reflechit un instant, et son parti fut pris.
"Jean Cornbutte, dit-il, en s'avancant vers le vieux marin qui entrait,
je suis des votres. Les causes qui m'empechaient d'embarquer ont
disparu, et vous pouvez compter sur mon devouement.
--Je n'avais jamais doute de vous, Andre Vasling, repondit Jean
Cornbutte en lui prenant la main. Marie! mon enfant!" dit-il a voix
haute.
Marie et Penellan parurent aussitot.
"Nous appareillerons demain au point du jour avec la maree tombante, dit
le vieux marin. Ma pauvre Marie, voici la derniere soiree que nous
passerons ensemble!
--Mon oncle, s'ecria Marie en tombant dans les bras de Jean Cornbutte.
--Marie! Dieu aidant, je te ramenerai ton fiance!
--Oui, nous retrouverons Louis! ajouta Andre Vasling.
--Vous etes donc des notres? demanda vivement Penellan.
--Oui, Penellan, Andre Vasling sera mon second, repondit Jean Cornbutte.
--Oh! oh! fit le Breton d'un air singulier.
--Et ses conseils nous seront utiles, car il est habile et entreprenant.
--Mais vous-meme, capitaine, repondit Andre Vasling, vous nous en
remontrerez a tous, car il y a encore en vous autant de vigueur que de
savoir.
--Eh bien, mes amis, a demain. Rendez-vous a bord et prenez les
dernieres dispositions. Au revoir, Andre, au revoir, Penellan!"
Le second et le matelot sortirent ensemble. Jean Cornbutte et Marie
demeurerent en presence l'un de l'autre. Bien des larmes furent
repandues pendant cette triste soiree. Jean Cornbutte, voyant Marie si
desolee, resolut de brusquer la separation en quittant le lendemain la
maison sans la prevenir. Aussi, ce soir-la meme, lui donna-t-il son
dernier baiser, et a trois heures du matin il fut sur pied.
Ce depart avait attire sur l'estacade tous les amis du vieux marin. Le
cure, qui devait benir l'union de Marie et de Louis, vint donner une
der
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