de
Penellan, offrait tout le confortable possible.
Quand la nuit, ou plutot quand le moment du repos arriva, cette petite
hutte fut transportee sous la tente, ou elle servit de chambre a coucher
a la jeune fille. Le repas du soir se composa de viande fraiche, de
pemmican et de the chaud. Jean Cornbutte, pour prevenir les funestes
effets du scorbut, fit distribuer a tout son monde quelques gouttes de
jus de citron. Puis, tous s'endormirent a la garde de Dieu.
Apres huit heures de sommeil, chacun reprit son poste de marche. Un
dejeuner substantiel fut fourni aux hommes et aux chiens, puis on
partit. La glace, excessivement unie, permettait a ces animaux d'enlever
le traineau avec une grande facilite. Les hommes, quelquefois, avaient
de la peine a le suivre.
Mais un mal dont plusieurs marins eurent bientot a souffrir, ce fut
l'eblouissement. Des ophthalmies se declarerent chez Aupic et Misonne.
La lumiere de la lune, frappant sur ces immenses plaines blanches,
brulait la vue et causait aux yeux une cuisson insupportable.
Il se produisait aussi un effet de refraction excessivement curieux. En
marchant, au moment ou l'on croyait mettre le pied sur un monticule, on
tombait plus bas, ce qui occasionnait souvent des chutes, heureusement
sans gravite, et que Penellan tournait en plaisanteries. Neanmoins, il
recommanda de ne jamais faire un pas sans sonder le sol avec le baton
ferre dont chacun etait muni.
Vers le 1er novembre, dix jours apres le depart, la caravane se trouvait
a une cinquantaine de lieues dans le nord. La fatigue devenait extreme
pour tout le monde. Jean Cornbutte eprouvait des eblouissements
terribles, et sa vue s'alterait sensiblement. Aupic et Fidele Misonne ne
marchaient plus qu'en tatonnant, car leurs yeux, bordes de rouge,
semblaient brules par la reflexion blanche. Marie avait ete preservee de
ces accidents par suite de son sejour dans la hutte, qu'elle habitait le
plus possible. Penellan, soutenu par un indomptable courage, resistait a
toutes ces fatigues. Celui qui, au surplus, se portait le mieux et sur
lequel ces douleurs, ce froid, cet eblouissement ne semblaient avoir
aucune prise, c'etait Andre Vasling. Son corps de fer etait fait a
toutes ces fatigues; il voyait alors avec plaisir le decouragement
gagner les plus robustes, et il prevoyait deja le moment prochain ou il
faudrait revenir en arriere.
Or, le 1er novembre, par suite des fatigues, il devint indispensable de
s'arreter pendan
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