t un jour ou deux.
Des que le lieu du campement fut choisi, on proceda a son installation.
On resolut de construire une maison de neige, que l'on appuierait
contre une des roches du promontoire. Fidele Misonne en traca
immediatement les fondements, qui mesuraient quinze pieds de long sur
cinq de large. Penellan, Aupic, Misonne, a l'aide de leurs couteaux,
decouperent de vastes blocs de glace qu'ils apporterent au lieu designe,
et ils les dresserent, comme des macons eussent fait de murailles en
pierre. Bientot la paroi du fond fut elevee a cinq pieds de hauteur avec
une epaisseur a peu pres egale, car les materiaux ne manquaient pas, et
il importait que l'ouvrage fut assez solide pour durer quelques jours.
Les quatre murailles furent terminees en huit heures a peu pres; une
porte avait ete menagee du cote du sud, et la toile de la tente, qui fut
posee sur ces quatre murailles, retomba du cote de la porte, qu'elle
masqua. Il ne s'agissait plus que de recouvrir le tout de larges blocs,
destines a former le toit de cette construction ephemere.
Apres trois heures d'un travail penible, la maison fut achevee, et
chacun s'y retira, en proie a la fatigue et au decouragement. Jean
Cornbutte souffrait au point de ne pouvoir faire un seul pas, et Andre
Vasling exploita si bien sa douleur qu'il lui arracha la promesse de ne
pas porter ses recherches plus avant dans ces affreuses solitudes.
Penellan ne savait plus a quel saint se vouer. Il trouvait indigne et
lache d'abandonner ses compagnons sur des presomptions sans portee.
Aussi cherchait-il a les detruire, mais ce fut en vain.
Cependant, quoique le retour eut ete decide, le repos etait devenu si
necessaire que, pendant trois jours, on ne fit aucun preparatif de
depart.
Le 4 novembre, Jean Cornbutte commenca a faire enterrer sur un point de
la cote les provisions qui ne lui etaient pas necessaires. Une marque
indiqua le depot, pour le cas improbable ou de nouvelles explorations
l'entraineraient de ce cote. Tous les quatre jours de marche, il avait
laisse de semblables depots le long de sa route,--ce qui lui assurait
des vivres pour le retour, sans qu'il eut la peine de les transporter
sur son traineau.
Le depart fut fixe a dix Heures du matin, le 5 novembre. La tristesse la
plus profonde s'etait emparee de la petite troupe. Marie avait peine a
retenir ses larmes, en voyant son oncle tout decourage. Tant de
souffrances inutiles! tant de travaux perdus! Penellan, lui, d
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