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aussitot le marechal et le chevalier qui vinrent examiner la situation.
Le vieux routier etait tout joyeux et ses yeux petillaient:
--S'ils attaquent, dit-il, nous n'avons plus aucune raison de tenir
notre parole; nous etions ici prisonniers sous la foi de Mme de Piennes.
L'attaque nous delivre et nous rend le droit de fuir. Il y a une porte
ouverte: fuyons!
--C'est mon avis, dit le marechal, pour le cas ou ils attaqueraient.
Parole faussee, parole rendue!
--Ils attaqueront, n'en doutez pas. Qu'en penses-tu, chevalier?
--Je pense que M. le marechal doit sortir immediatement avec les deux
femmes, mais que nous devons rester, nous, et tenir tete.
--Ah! ah! Voila du nouveau! grommela le vieux Pardaillan, qui comprit
aussitot ce qui se passait dans le coeur de son fils.
Et le prenant a part:
--Tu veux mourir, hein?
--Oui, mon pere.
--Mourons donc ensemble. Cependant, tu peux bien entendre une
observation de ton vieux pere?
--Oui, monsieur...
--Eh bien, je ne demande pas mieux que de mourir, puisque tu ne peux
vivre sans cette petite Loison que le diable emporte, et que moi, je
ne puis vivre sans toi. Mais encore faut-il etre sur que ta Loisette
t'echappe!
--Que voulez-vous dire? s'ecria le chevalier en palissant d'espoir.
--Simplement ceci: as-tu demande sa fille au marechal?
--Folie!
--D'accord! Mais enfin, l'as-tu demandee?
--Vous savez bien que non!
--Eh bien, il faut la demander!
--Jamais! Jamais!... Oh! l'affront de me voir refuser!...
--Bon, c'est donc moi qui parlerai pour toi! Or, de de deux choses
l'une: ou tu es accepte et tu fais aux Montmorency l'honneur d'entrer
dans leur famille. Mort de tous les diables! ton epee vaut la leur,
et ton nom est sans tache... Je poursuis: ou tu es refuse, et alors
seulement il sera temps de graisser nos bottes pour le grand voyage d'ou
on ne revient pas. Voyons, consens a vivre jusqu'a ce que le pere de
Loise m'ait formellement dit: Non!
--Soit, mon pere! dit le chevalier qui entrevit la un moyen de mourir
seul et de ne pas entrainer son pere a la mort.
--Monseigneur, dit alors le vieux Pardaillan en rejoignant le marechal,
nous venons, le chevalier et moi, de tenir conseil de guerre. Voici
ce qui est decide: Vous allez partir a l'instant. Nous demeurons ici
jusqu'a ce que l'attaque soit averee. Alors, nous partirons a notre
tour.
--Je ne partirai pas d'ici sans vous, dit le marechal d'une voix ferme.
Et songez-y, chevalie
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