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it au chevalier pour la deuxieme ou troisieme fois, avoua son amour spontanement. La pensee qu'elle aurait pu le cacher ou en rougir, ne l'effleura meme pas. Cette fleur de timidite n'eut pas compris la timidite en ce moment. Ce cri, qu'elle venait de laisser tomber de ses levres, ce cri de sincerite superbe etait l'expression la plus complete, la plus absolue, de ce qu'elle pensait. Si le chevalier mourait, elle mourrait. C'etait simple, limpide, lumineux. Il n'y avait rien autour de cela: pas de reflexion, pas de contestation possible. Etait-ce de l'amour? Elle ne savait pas. Elle ne savait qu'une chose: C'est que sa vie s'absorbait sans effort dans la vie du chevalier; c'est que son ame s'incorporait a l'ame de cet homme. Et maintenant, s'il partait, elle partait. S'il mourait, elle mourait. Plus rien au monde ne pouvait les separer. --Voulez-vous donc que je meure? dit Loise. En meme temps, ses yeux bleus, limpides comme l'azur du ciel, se fixerent sur les yeux du chevalier de Pardaillan. Il chancela. Il oublia que le marechal la destinait a ce comte de Margency, a cet inconnu qui allait la lui prendre, et, extasie, bouleverse par un etonnement infini, murmura: "Je reve." Lentement, elle baissa les yeux; une paleur de lis s'etendit sur son visage, et elle dit: --Si vous mourez, je meurs, puisque je vous aime... Ils etaient tout pres l'un de l'autre. Et pourtant, ils ne se touchaient pas. Le jeune homme eprouvait cette sensation tres nette que l'ange s'evanouirait si seulement il lui prenait les mains. Alors, avec cet accent de simplicite qui est la plus souveraine expression du pathetique, il murmura: --Loise, je vis puisque vous m'aimez... Etre aime de vous, cela me semblait une heresie... Que votre regard se fut abaisse sur moi, c'etait une folie... et pourtant, cela est. Loise, je ne sais si je suis heureux ou malheureux, je ne sais si le ciel s'ouvre devant moi... Mais, la plenitude de la vie, Loise, vous me l'avez versee... --Je vous aime... --Oui. Je le savais. Tout me le criait. Tout me disait que j'etais venu dans ce monde pour vous, pour vous seule! Il se tut subitement. Il etait comme dans une epouvante et dans une extase. Et tous les deux comprirent que toute parole eut ete vaine. Lentement, les yeux rives aux yeux du chevalier, Loise recula jusqu'a la porte, s'eloigna, s'evapora pour ainsi dire, et lui demeura longtemps a la meme place, comme foudroy
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