e marechal aux Pardaillan, vous etes en surete.
Le chevalier hocha la tete.
--Monseigneur, dit-il, si vous m'en croyez, vous devez fuir. Si vous
etiez seul, je ne vous donnerais pas ce conseil...
--Vous avez raison, chevalier, dit le marechal. Aussi bien, mon
intention n'est-elle pas d'exposer ma fille et sa mere. Des ce soir, je
partirai avec elles pour le chateau de Montmorency. Je compte sur vous
pour nous escorter jusque-la. Une fois a Montmorency, nul, pas meme le
roi, n'osera vous y chercher. Il faudrait une armee pour prendre le
manoir.
Il fut donc convenu que le soir, a la nuit tombante, on quitterait
Paris.
Dans cette journee, Pardaillan pere eut avec le marechal une memorable
conversation. Le chevalier s'etait retire dans la chambre qu'il occupait
a l'hotel. Loise venait de se retirer aupres de sa mere. Le vieux
Pardaillan demeura seul avec le marechal et, voyant sortir Loise, entama
heroiquement la question qui lui tenait au coeur:
--Charmante enfant, dit-il, et que vous devez etre bien heureux d'avoir
retrouvee, monseigneur.
--Oui, monsieur. Heureux au-dela de toute expression.
--Puisse-t-elle, s'ecria le vieux renard, trouver un mari digne d'elle!
Mais je doute qu'il existe un homme digne de posseder une beaute aussi
accomplie...
--Cet homme existe pourtant, dit simplement le marechal. Je connais un
personnage etrange qui apparait comme un type acheve de bravoure et de
finesse. Ce qu'on m'a raconte de lui, ce que j'en ai su par moi-meme
fait que je me le represente comme un de ces anciens paladins du temps
du bon empereur Charlemagne. C'est a cet homme, mon cher monsieur de
Pardaillan, que je destine ma fille.
--Excusez ma hardiesse, monseigneur, mais le portrait que vous venez de
tracer est si beau que j'eprouve un imperieux desir de connaitre un tel
homme. Serais-je tres indiscret si je vous demandais son nom?
--Nullement. Je vous ai, a vous et a votre fils, de telles obligations,
que je ne veux rien vous cacher de mes chagrins et de mes joies. Vous le
verrez, monsieur, car j'espere bien que vous assisterez au mariage de
Loise...
--Et il s'appelle? demanda Pardaillan.
--Le comte de Margency, repondit le marechal en fixant son regard sur le
vieux routier.
Celui-ci chancela. Il avait recu le coup en plein coeur.
Il balbutia quelques mots et, tout etourdi, atterre, prit conge du
marechal et rejoignit son fils.
--Je viens de parler a M. le marechal, dit-il.
--Ah!... Et
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